Une prise anti-moustique, un coup de bombe insecticide ou un collier anti-puces pour le chat et le problème est réglé. Mais attention ! Entre allégations trompeuses et déclarations vagues, les fabricants ont l’art de vendre leurs produits dangereux. Y compris quand ils sont « bio ».
C’est pas la petite bête qui va manger la grosse !…
Les pesticides domestiques utilisés pour lutter contre les nuisibles (insectes, rongeurs, acariens, etc) appartiennent à la famille des biocides. En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), est chargée de s’assurer d’un « niveau de protection élevé de l’homme, des animaux et de l’environnement en limitant la mise sur le marché aux seuls produits biocides efficaces et ne présentant pas de risques inacceptables ».
Un pesticide est une substance destinée à détruire une ou plusieurs espèces vivantes. Les plus communs sont les herbicides (contre les mauvaises herbes), les insecticides (contre les insectes) et les fongicides (contre les champignons).
…Mais la grosse bête s’intoxique en chassant la petite…
L’ANSES se base sur la règlementation européenne pour contrôler la mise sur le marché des biocides et des pesticides industriels. On se souvient que, récemment, la définition des perturbateurs endocriniens présents dans les pesticides industriels a fait débat et grand bruit.
Cette définition européenne, qualifiée de laxiste, autorise en effet l’industrie chimique à utiliser certaines de ces substances dangereuses. Mais qui sait qu’au même moment, la même définition était adoptée dans l’indifférence générale dans le cas des pesticides domestiques, grâce à une procédure d’adoption des règlements plus souple dans le cas des biocides que que dans celui des pesticides agricoles ou industriels ?
Ce seul exemple suffit à se convaincre que, si la mise sur le marché des pesticides domestiques est encadrée, le principe de précaution est loin d’être appliqué. Et, malheureusement, les perturbateurs endocriniens ne sont pas les seuls exemples de substances nocives rencontrées. Les insecticides ou les shampooings anti-poux appartiennent à la famille des pyréthrinoïdes dont la toxicité sur les enfants a été mise en évidence. Certains colliers anti-puces pour chiens et chats contiennent du fipronil, une substance accusée d’être à l’origine de la surmortalité des abeilles.
… alors que la grosse bête pourrait utiliser des alternatives…
La meilleure arme pour se débarrasser naturellement des nuisibles est la prévention. Un bon moyen de ne pas les inviter dans la maison est de leur en bloquer l’accès. Placer des plantes odorantes (lavande, marjolaine ou autre) aux fenêtres peut dissuader fourmis, mouches, moustiques ou autres insectes volants de les franchir. Placer des moustiquaires aux fenêtres leur en interdira l’accès. Certains nuisibles, comme le mille-pattes, les blattes ou les cafards aiment l’humidité. Les mouches et moustiques y pondent leurs larves. Quelques solutions simples peuvent être mises en œuvre pour éviter de les attirer : éviter la présence d’eau stagnante et réparer les robinets qui coulent, bien ventiler les pièces d’eau (salles de bains, cuisines) et les sous-sols humides, enlever les textiles (tapis, tentures, linge entreposé) des zones humides, utiliser un déshumidificateur.
Bon nombre de nuisibles élisent domicile dans votre maison parce que la cantine y est bonne. Leur couper les vivres peut suffire à s’en débarrasser : il suffit de ranger la nourriture dans des contenants hermétiques, de maintenir la cuisine propre en débarrassant rapidement la vaisselle sale, de penser aux miettes qui restent dans le grille pain, et d’utiliser une poubelle hermétique.
Dans le cas des termites et autres insectes susceptibles de s’attaquer aux poutres et parquets, il est même possible d’agir dès la construction de l’habitation. Une barrière chimique peut être installée au sol, sous la dalle de l’habitation, pour éviter une infestation ultérieure. Lorsque cette solution est adoptée, les occupants sont moins exposés au pesticide que dans le cas d’un traitement à l’intérieur de la maison.
Lorsqu’un moyen de lutte directe doit être utilisé, des produits biologiques sont disponibles sur le marché. Il est toutefois nécessaire d’être très vigilant sur la composition de ces produits. Il existe, par exemple, des insecticides à base de pyrèthre extrait naturellement de plantes. La substance active peut être qualifiée de biologique ou naturelle. Ces insecticides contiennent pourtant souvent des adjuvants destinés à en améliorer l’efficacité, adjuvants qui peuvent s’avérer dangereux pour la santé.
…ou au minimum respecter les précautions d’emploi des produits utilisés
Si l’utilisation de pesticides domestiques est indispensable, parce qu’il est nécessaire de se débarrasser très rapidement des nuisibles par exemple, certaines précautions peuvent être prises pour limiter l’exposition des humains et animaux domestiques. Les consignes de temps avant d’occuper à nouveau les locaux traités, de temps d’aération, etc doivent être scrupuleusement respectées. Ils doivent être utilisés de façon modérée, en ciblant bien les endroits ou se cachent les intrus.
Les insecticides ou anti parasitaires vaporisés à l’intérieur du domicile se déposent au sol et imprègnent durablement les moquettes, tapis et tentures mais également les poussières. Ces dernières peuvent ensuite être inhalées, notamment par les jeunes enfants qui sont souvent en contact avec le sol. Il est donc conseillé de dépoussiérer consciencieusement les pièces avant et après traitement.
Il est agaçant de partager sa maison avec des hôtes qui n’y ont pas été invités. Malheureusement, les études montrent que les produits les plus puissants, et donc les plus efficaces et rapides pour lutter contre ces intrus, sont aussi ceux qui présentent le plus de risque pour les humains et les animaux domestiques. Les fabricants de pesticides domestiques s’abritent derrière une réglementation qualifiée de laxiste par certains spécialistes pour vendre des produits dangereux pour la santé. Ces produits peuvent même être qualifiés de « 100% sans danger », « naturels » ou « biologiques ». Des alternatives existent ; elles nécessitent néanmoins de faire preuve d’un peu de patience, leur efficacité étant un peu moins immédiate que celle des pesticides.
POUR ALLER PLUS LOIN
• L’UFC Que Choisir a publié en 2016 un article recensant les substances dangereuses utilisées dans les pesticides domestiques.
• A consulter également, un article listant les alternatives à l’utilisation de pesticides pour chasser certains nuisibles.
• Une étude très complète (PDF) du « Pesticide Action Network » belge. Pour de nombreux nuisibles, l’étude liste : une description du nuisible et de son mode de vie, les conséquences de l’infestation, les moyens de prévention et les moyens de lutte directe.
• L’Etablissement Interdépartemental pour la Démoustication du littoral Atlantique (EID Atlantique) a pour mission la surveillance, la régulation et le contrôle des populations de moustiques. C’est un bon exemple de démarche de contrôle d’une population de nuisibles
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