Gro plan sur des produits ménagers

Des milliers de substances potentiellement toxiques entrent dans la composition des produits ménagers. Le Toxi-Score, en projet, devrait permettre d’épingler les produits les plus nocifs, sans toutefois interdire les substances incriminées.

Produits vaisselle, lessives et autres détergents multi-usages peuvent exposer leurs utilisateurs à des troubles : passagers – comme des vertiges, des irritations cutanées, des nausées – ou plus sérieux – comme une atteinte des voix respiratoires. 44 % des produits d’entretien contiennent des substances toxiques suspectées d’être des perturbateurs endocriniens ou cancérigènes. Et l’on ne parle même pas de la nocivité de ces produits pour l’environnement et les organismes vivants qui, un jour ou l’autre, se retrouvent dans notre assiette ou notre eau.

Le Toxi-Score informera le public sans interdire vraiment les substances potentiellement nocives

Le quatrième plan national Santé environnement 2021–2025 (PNSE 4), lancé il y a un an (mai 2021), prévoit un système d’étiquetage permettant d’évaluer les risques des produits ménagers, sur le même principe que le Nutri-Score. Ce « Toxi-Score » devrait faire son apparition courant 2022, peut-être sous la forme d’un indicateur notant les produits de A (vert) à E (rouge), selon trois critères : la lisibilité des informations, l’impact sur l’environnement et sur la santé, l’analyse et la composition des produits. Il faut « qu’on sache au premier coup d’œil s’il faut prendre des précautions d’utilisation, par exemple mettre des gants ou bien aérer la pièce », expliquait la ministre de la Transition écologique et solidaire, Barbara Pompili, en mai 2021. Mais, dans un premier temps, le Toxi-Score (tout comme le Nutri-Score) ne sera malheureusement apposé que sur l’emballage des produits des fabricants… qui le souhaitent.

Une volonté européenne de lutter contre la pollution chimique

Selon l’Agence européenne pour l’environnement,  74 % des substances chimiques produites par l’industrie sont jugées dangereuses pour la santé et l’environnement : 12 000 substances sont suspectées d’être, pour la plupart, des perturbateurs endocriniens, et près d’une sur cinq est classée comme potentiellement cancérigène, mutagène et toxique pour la reproduction. Dans le cadre du pacte vert pour l’Europe, la Commission européenne a publié, le 25 avril 2022, une « feuille de route » pour éliminer ces milliers de substances dangereuses des produits de grande consommation, d’ici à 2030 (leur longue liste se trouve dans ce document en anglais). Cette grande détox chimique – pour le moment une bonne intention qui se heurte évidemment à un lobbying intense des industriels -, concerne les jouets, les biberons et tétines, les emballages alimentaires, les vêtements, les meubles, les appareils électroniques, les cosmétiques, les peintures et les produits d’entretien.

Des consommateurs proactifs : choisir les produits ménagers les plus sûrs

Le Toxi-Score contrariera sans doute le cynisme de certains fabricants, dont le marketing bien rôdé crée un habillage « nature » et « écolo » pour des produits qui continuent à utiliser ces substances et que l’UFC-Que Choisir appelle à boycotter en privilégiant l’achat des produits les plus sûrs.

Certes, beaucoup d’entre elles ne sont encore considérées que potentiellement toxiques, fautes d’études suffisantes. C’est le cas des perturbateurs endocriniens, source de tant de polémiques. Mais, dans le doute, on ne saurait trop conseiller d’adopter un principe de précaution et de privilégier l’achat de produits qui ne contiennent pas de molécules déconseillées. Les marques vertes, reconnaissables à la petite fleur verte, ont un cahier des charges qui interdit toutes ces substances indésirables.

En attendant que les substances chimiques suspectes soient entièrement proscrites, c’est aux consommateurs de jouer leur rôle de régulateur de marché. Même s’il n’est pas au goût de tous, le Toxi-Score renforcera certainement la tendance actuelle, bénéfique aux marques soucieuses de l’environnement et de la santé.

Crédits

Texte : © J.-C. Moine / Ethnomedia
Photo  : © Ellie Burgin