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Notre interview de Pascal Champvert et des habitants de la Résidence de l’Abbaye, à Sainte-Maur-des-Fosses — Durée : 6:00 mn

AUTRE ARTICLE DE CE DOSSIER

Vieux fossile, vieille taupe ou tout simplement “vieux !”. Le mot claque comme une insulte, dans une société où l’âge semble être une tare, et où la vieillesse ne serait tolérable qu’en se sapant comme les juniors, en conservant leurs performances physiques et en gommant tant bien que mal ses rides. Pour faire un beau vieux (ne pas dire vieux beau), il faudrait au moins avoir l’air jeune.

Certes, on ne critiquera pas outre mesure la tendance actuelle qui consiste à vouloir prolonger sa jeunesse. Après tout, on ne peut reprocher à un sénior sa volonté de vivre pleinement sa maturité, en continuant à pratiquer le sport qui lui plait, à s’habiller comme il a toujours aimé s’habiller, à jouer de son image pour donner l’illusion. Vieux, ce n’est pas renoncer. Mais on ne peut accepter cet attachement à certaines valeurs de la jeunesse, seraient-elles anatomiques, qu’à la condition qu’on offre aussi la possibilité de lâcher prise, de devenir “vraiment” un vieux, sans que la condamnation immédiate soit le rejet hors d’un soi-disant cœur de la société, jeune et agité, et l’enfermement dans un espace où seules l’oisiveté et l’attente patiente de la mort seraient reines.

Vieillir n’est pas simple, non seulement parce qu’à l’évidence la vieillesse rapproche de la mort, mais aussi parce qu’elle éloigne, et de la société, et parfois de soi-même, contraints que sont les vieux de s’adapter autant à leur condition qu’à la place qu’on leur assigne. Il y a ceux qui, malgré leur bon état physique, s’abandonnent cependant à une oisiveté sénile. Et ceux qui, parfois même handicapés, développent leur dynamique personnelle, continuent un chemin actif avec les nouvelles contraintes liées à leur âge. On a tendance à penser que ces vieux-là vieillissent bien, mais c’est sans compter la complexité du phénomène, et de nos représentations…

La vieillesse éloigne, et de la société, et parfois de soi-même © Ethnomedia / JC Moine

Dans un contexte où l’espérance de vie s’allonge rapidement, la question du “bien vieillir” est devenue centrale. Mais que recoupe précisément cette notion ? Ça semble simple et évident, ça ne l’est pourtant pas. Pour Michel Billé & Didier Martz, le “bien-vieillir” est une “ tyrannie douce qui a pour effet d’asservir nos contemporains et d’exercer une contrainte sur les années de vie qu’ils ont à vivre en vieillissant…”. En imposant une norme – bien vieillir c’est rester jeune -, on évacuerait une fois de plus la vieillesse.

Selon Pascal Champvert, notre société impose “l’impératif d’être toujours jeune, actif, dynamique et performant. Et ceux qui expérimentent les contre-valeurs de notre société – la lenteur, la profondeur, la disponibilité, l’être (par opposition au faire) – ont le sentiment de n’être plus bons à rien. Nous constatons donc un désintérêt pour tout ce qui touche au domaine du vieillissement, un désintérêt qui ne fait que croître au fil des années” (source : silvereco.fr).
Et d’ajouter : “Si nous considérons les vieillards comme des poids inutiles, qu’il vaut mieux cacher, auxquels nous ne voulons surtout pas ressembler, eux-mêmes finissent par adhérer à ce constat et perdent toute estime d’eux-mêmes” (source : clicanoo.re).

Pascal Champvert parle avec passion de la vieillesse

Mon vieux, le constat semble alarmant ! Pour le président de l’AD-PA (Association des Directeurs au service des Personnes Agées), il est urgent de lutter contre l’âgisme, cette discrimination par l’âge tellement banale qu’on ne la remarque plus ! Et de considérer la lenteur, voire même la vulnérabilité des vieux, comme une richesse.

Alors nous sommes partis rencontrer Pascal Champvert, lui et quelques vieux, histoire d’en parler. Leur éclairage, dans notre vidéo, servira de fil conducteur à notre dossier : “Vieux, c’est mal ?”.

— Qu’est-ce que l’AD-PA ? —

C’est l’Association des Directeurs au service des Personnes Agées. Ses objectifs sont de sensibiliser à la solidarité à l’égard des personnes âgées fragilisées, de favoriser l’expression des personnes âgées fragilisées, de leurs familles et des professionnels, d’accompagner les professionnels dans leurs actions au quotidien, de promouvoir une réflexion globale en matière de gérontologie, de participer à l’évolution de l’accompagnement des personnes âgées fragilisées  et de montrer que les services à domicile, les établissements et les coordinations pour personnes âgées sont innovants dans leurs pratiques quotidiennes d’accompagnement et de soins.

POUR ALLER PLUS LOIN

• On pourra lire l’article de Jérôme Pellissier, écrivain et docteur en psychogérontologie, paru dans le Monde diplomatique en 2013 : A quel âge devient-on vieux ?, une réflexion politique, économique et philosophique intéressante sur la question des « vieux ».

Crédits

Vidéo © Ethnomedia / jcm pour Apivia Prévention