Venu du Québec, le principe d’un professionnel pouvant se substituer 24h/24, pendant plusieurs jours, à un aidant familial va être expérimenté en France. Au prix de sérieuses entorses au Code du travail…

Qu’ils assistent un enfant lourdement handicapé ou un parent en perte d’autonomie, le quotidien des proches aidants est souvent harassant, physiquement et moralement. Ne serait-ce qu’une fois de temps en temps, ils auraient grand besoin de pouvoir se soustraire à ces tâches et soins quotidiens pour reprendre leur souffle et, pourquoi pas, s’occuper un peu d’eux-mêmes. Mais comment faire ?

L’une des possibilités de répit qui a fait ses preuves au Québec, le baluchonnage, va officiellement être expérimentée en France pendant trois ans. Moins déstabilisante pour la personne aidée qu’un séjour en établissement spécialisé ou qu’un ballet d’intervenants se succédant à son chevet, cette solution doit permettre au proche aidant de s’absenter en toute confiance, alors qu’un professionnel dûment formé, vient poser son baluchon pour le remplacer non-stop durant quelques jours.

Le concept est séduisant, mais il ne va pas sans poser énormément de questions. Quid de la formation des intervenants et du financement de ce dispositif que, pour l’instant, la Loi a laissé de côté ? Quid également, à terme, du droit du travail auquel cette même loi autorise des dérogations pas du tout anodines. Il ne s’agirait pas, du point de vue de certains syndicats, que, pour soulager une partie vulnérable de la population, on en afflige une autre.

Temps de repos réduit à néant, récupération reportée sine die, travail nocturne banalisé et, fondamentalement, autorisation de six jours de travail consécutif sans aucune pause… La confédération syndicale Force ouvrière est montée au créneau, demandant le retrait de ces mesures, inquiète que cette expérimentation en préfigure la généralisation.

Depuis le temps que le baluchonnage fonctionne au Québec, l’idée a fait son chemin en France mais les initiatives se heurtaient jusqu’à présent au Droit du travail. France Info, notamment, s’est demandé « c’est comment ailleurs » et a interviewé la fondatrice de la compagnie des Aidants et présidente de l’Association de la Journée nationale des aidants. Forcément, un autre point de vue.

Pour bien comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire, nous pouvons vous recommander les synthèses, très claires, des sites Dossier Familial et Age Village.

Pour aller plus loin, et mesurer à quel point chacun est conscient du besoin et de la problématique, on pourra lire la teneur des débats au Sénat ainsi que le rapport d’une députée, « Du baluchonnage québécois au relayage en France : une solution innovante de répit » (PDF), qui a largement inspiré la loi.

Enfin, toujours sur le front de la prise en charge de la dépendance, on notera qu’en cet hiver 2018, la colère gronde dans les EHPAD et que, depuis le 13 février 2018, les salariés peuvent officiellement faire cadeau de leurs jours de repos non pris au bénéfice d’autres salariés, aidants familiaux.

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