Une rumeur s’est propagée cet été, un chiffre énôôôrme, vent de panique : 6,4 millions de Français boivent de l’eau du robinet radioactive ! Elle a démarré comme un feu de paille et puis s’est éteinte même pas une semaine après. Restent des questions sur la qualité de l’eau du robinet.

À l’origine il y a eu un communiqué de presse de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) : une contamination au tritium de l’eau potable aurait touché 268 communes dont Orléans, Blois, Tours, Angers, Nantes, et 122 communes d’Île-de-France. Les 17 et 18 juillet, tous les médias relayaient l’info, typiquement, comme Le Parisien.

Toutefois, pas d’alarmisme, l’ACRO précise bien dans son communiqué qu’aucune valeur « ne dépasse le critère de qualité de 100 Bq/L (becquerel par litre) instauré par les autorités sanitaires ». Sachant, par ailleurs, que le seuil de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a, lui, été fixé à la « valeur-guide » de 10 000 Bq/L. La moyenne des relevés effectués, de 9 Bq/L, est donc largement en-dessous.

Et puis il y a eu un post sur les réseaux sociaux d’une femme prétendument infirmière : « Je vous fais ce petit message pour vous dire de ne surtout pas boire de l’eau du robinet. À l’hôpital Bichat, on a reçu un arrêté préfectoral à l’instant, disant que toute l’eau de l’Ile-de-France et de Paris a été contaminée au titanium et est radioactive ».
Tiens, maintenant ce n’est plus du tritium mais du titanium. De toute façon tout ce qui finit en -ium fait flipper, non ?
Dès le 20 juillet, Le Dauphiné démêle le vrai du faux.
Démenti par la préfecture de Paris : oui on peut boire l’eau du robinet sans aucun problème – rappelons que c’est un des aliments les plus contrôlés en France. Suite judiciaire, par l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) : plainte pour diffusion de fausse information de nature à troubler l’ordre public. Tout ça est bien raconté dans l’article « D’où vient la rumeur qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux ? »  de Sud-Ouest, écrit quelques jours plus tard, quand le soufflé était retombé. Sur arrêtsurimages.net, on analyse en détail la manière dont cette faible contamination « a pris des airs de catastrophe nucléaire de grande ampleur ».

Le fait est qu’il y a du tritium dans l’eau du robinet, mais à faibles doses. C’est quand même une info.
Une info qui laisse des questions. D’ailleurs on s’en pose, des questions, dans Le Dauphiné encore : « les 5 questions que vous vous posez », et dans Sciences & Avenir, là c’est «  les 3 questions que vous vous posez ». Le tritium, même à faible dose, serait un lanceur d’alerte qui montre les risques de contamination d’autres polluants radioactifs à des niveaux beaucoup plus élevés, argumente l’ACRO. Mais en fait c’est quoi le tritium ? Une substance radioactive dérivée de l’hydrogène, relativement rare à l’état naturel, émise dans l’environnement par l’industrie nucléaire.

Dans tous les cas, même avec un risque sanitaire faible, est-il acceptable ? Le Monde et Mediapart relaient les arguments de la Criirad, autre laboratoire associatif travaillant sur le nucléaire, qui appelle à ne pas banaliser les pollutions.
Selon la Criirad, la limite applicable à une contamination durable par le tritium ne devrait pas dépasser 10 à 30 Bq/L. Or, c’était quoi la moyenne des relevés : 9 Bq/L ? Bah, du coup, on peut boire l’eau du robinet sans souci. Encore des doutes ? Il suffit de vérifier la qualité de l’eau chez vous sur solidarites-sante.gouv.fr/

Ceux chez qui le doute persiste se tourneront vers l’eau en bouteille mais, car il y a évidemment là aussi un « mais », sinon ce serait trop simple, eux vont absorber des microparticules en plastique. Mais ceci est une autre discussion…

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