Les talons hauts galbent et affinent les jambes, font ressortir les fesses par une cambrure forcée, et mettent en valeur les seins pour les mêmes raisons. Les japonaises, prisonnières du dictat sexy sexiste, se révoltent. Pour leur honneur et pour leur santé.

La posture sur talons hauts est valorisée et renvoie un signal à fort potentiel sexuel. Le chercheur Nicolas Guéguen est convaincu qu’il a un impact sur le comportement masculin : les hommes seraient beaucoup plus prompts à venir en aide à une femme juchée sur des talons ! Ah bon ? Bien que son étude très médiatisée soit aussi très contestée, on ne contredira pas l’idée que les talons hauts jouent le même livret sensuel que le rouge à lèvre ou le décolleté.
Apparus à la Cour de France à la Renaissance, portés par les femmes et les hommes, signe de noblesse, les talons hauts disparaissent à la fin du XVIIIe siècle. Période où l’on coupe ce qui dépasse… La bottine égalitaire prend le dessus. Mais, à la fin du XIXe siècle, ils réapparaissent sous une forme plus érotisée, adoptés par les prostituées et les danseuses du french cancan, exportés aux Etats-Unis, et oscillant depuis cette époque entre luxe et luxure.

Pour celles que l’on oblige, ou qui se sentent obligées de porter des talons hauts pour répondre à quelque pression sociale, l’exemple de la fronde japonaise #kutoo les aidera peut-être à dire non ! Lancé par un tweet de Yumi Ishikawa, actrice et mannequin, le mouvement #KuToo contre l’obligation à porter des talons, exprime le ras-le-bol des femmes japonaises, discriminées, et blessées au sens propre, par cette obligation qu’elles estiment sexiste. Réminiscence des combats féministes des années 70.

#kutoo, la fronde contre les talons hauts au Japon – Illustration de la dessinatrice japonaise Rika Asakawa paru sur son compte Instagram

Blessées par les talons, les femmes le sont car le port de talons hauts (entendez des talons de plus de 4 à 5 centimètres) entraine le corps vers l’avant. Le corps compense en creusant le dos (hyperlordose des vertèbres lombaires), et le rachis cervico-dorso-lombaire en prend un coup. Bien que le lien entre le port de chaussures à talons et le déclenchement de lombalgies ne soit pas avéré, elles sont à proscrire lorsqu’on souffre déjà de lombalgie ou de sciatique. Blessés, les pieds des femmes le sont encore plus, car, avec les talons hauts, c’est l’avant du pied qui supporte l’essentiel du poids du corps. Les conséquences les plus courantes sont la déformation des orteils (oignon), les métatarsalgies (douleurs par hyperpression) et le névrome de Morton. En cas d’arthroses de la hanche et du genou, les talons hauts sont évidemment fortement déconseillés.

Vous ne portez que des talons hauts ? Aïe ! Vos mollets peuvent se raccourcir, et il devient alors très difficile de marcher pieds nus sans douleur. Qui dit mollets plus courts dit aussi risque d’entorse, car leur force est diminuée.

Vous ne renoncerez pas à vos talons hauts pour autant ? Au moins, ne les portez pas tous les jours. Réservez les plus hauts et les talons aiguilles à des soirées et circonstances exceptionnelles. Contentez-vous de talons de 2 à 4 cm de haut le reste du temps, ces derniers permettant une bonne répartition du poids entre l’avant et l’arrière du pied, et alternez avec des chaussures plus basses. Quelques étirements quotidiens feront du bien à vos mollets.

Et surtout, pas de talons haut, ou alors très exceptionnellement, pour les jeunes filles qui n’ont pas fini leur croissance !

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Photo : © jeanchristophemoine