Aussi sûr que les drones sont devenus incontournables à la guerre, ils devraient bientôt constituer de précieux auxiliaires de l’Assistance Publique. Drones ambulanciers, drones pharmaciens : petit retour vers le futur.
Ils maraudent autour des résidences de stars, pour immortaliser leurs popotins, ils virevoltent dans les zones de combat, à bien d’autres fins, ils survolent nos centrales nucléaires et des monuments parisiens, on se demande comment et pourquoi… Les drones, ces petits avions sans pilote, dirigés à distance, envahissent notre espace aérien pour toutes sortes d’applications, y compris en matière de santé.
Les croyants n’en douteront pas : un de ces jours, notre salut viendra des cieux. Nous n’en sommes qu’aux prémisses de cette ère. Ne vous attendez pas demain à voir voler des robots ambulanciers en escadrille. Mais, à terme, c’est du domaine du possible ; et peut-être même du souhaitable.
Merci pour ce Momont
Parmi les projets les plus prometteurs, celui d’un jeune ingénieur belge, Alec Momont, qui, en octobre dernier, a présenté un prototype de drone secouriste totalement autonome. Cet étudiant en est convaincu et a réussi à intéresser l’équivalent amstellodamois du SAMU : notamment en ville, son volatile pourrait sauver des vies.
Son postulat est simple : en cas d’arrêt cardiaque, les chances de survie sont à peu près proportionnelles à la rapidité de l’intervention. Sur le papier, l’idéal serait que nous ayons tous un défibrillateur en poche ou dans le sac à main, pour relancer au plus vite le précieux muscle à l’arrêt. C’est la raison pour laquelle, de plus en plus, des versions très simples d’emploi de cet appareil sont disposées dans les lieux publics. Soit dit en passant, sur le front de ce déploiement, la France n’est pas en avance…
L’engin qu’Alec a imaginé est capable de voler à une centaine de kilomètres-heure dans un rayon de douze kilomètres. Ces performances, assure son créateur, permettraient, en Europe occidentale, de ramener de dix à une minute le « délai de livraison » d’un défibrillateur sur les lieux d’un malaise cardiaque et, ainsi, d’augmenter considérablement les chances de survie du patient.
Le sympathique canari dédié à la circulation sanguine aurait, bien sûr, le mérite de s’affranchir totalement des problèmes de circulation routière. Il décollerait sitôt un appel reçu par les services d’urgence et se dirigerait sans aucun contrôle humain par la grâce du GPS. Bien évidemment, ce drone est incapable de prodiguer des soins, mais il embarque une caméra, une enceinte et un micro. A l’autre bout de la ligne, une personne qualifiée pourrait ainsi guider le gentil passant ayant appelé, dans l’utilisation du défibrillateur embarqué.
Bien utiles, dans des situations pas « drones »
A ce stade de son développement, la charge utile du moineau est de quatre kilos. Bien assez pour amener un défibrillateur à bon port, et a fortiori une trousse médicale. Imaginez, par exemple, le cas d’un diabétique ou d’un asthmatique qui serait bloqué sans ses médicaments dans un lieu difficile d’accès. Et bien, en deux battements d’ailes, sa ventoline ou son insuline lui arriverait par la voie des airs.
L’idée est géniale. La mise en œuvre un peu plus compliquée. Se posent des questions techniques, juridiques et financières. Quid du vol à l’aveuglette dans un espace aussi encombré que le sont nos villes ? Quid des milliers d’euros que coûterait cet engin, à tenir prêt au décollage tous les douze kilomètres pour un bon maillage du territoire ? Quid de la réglementation, relativement souple en France, beaucoup moins aux Pays-Bas où Alec Momont espère concrétiser son projet d’ici cinq ans ?
Quoi qu’il en soit, un peu partout dans le monde, des chercheurs cherchent et trouvent aux drones des usages plus sympathiques que celui qu’en font les militaires et moins futiles que la livraison de pizzas ou des colis Amazon. A Palo Alto, en Californie, l’entrepreneur Andreas Raptopoulos est convaincu qu’un essaim d’oiseaux électriques pourra pallier les infrastructures défaillantes, pour livrer des médicaments ou acheminer des prélèvements de sang, notamment en Afrique.
Au Chili, où les infrastructures sont plus solides, mais où la mer est aussi meurtrière que partout ailleurs, comme en Australie, des entreprises expérimentent actuellement des drones maîtres nageurs, capables, plus vite que ne le ferait le plus athlétique des surveillants de plage, d’apporter une bouée au baigneur en détresse. Pour l’heure, ce sont plus des promesses qu’autre chose, mais le sujet mérite d’être suivi avec attention. Comptez sur nous.
POUR ALLER PLUS LOIN
• Sur le drone ambulance d’Alec Momont
• Sur le drone des plages au Chili (papier de Slate, en anglais, avec vidéo de démo car il n’y a pas vraiment de sites français sérieux sur la question)
• Le drone comme outil humanitaire
• La retranscription, en français, de la conférence TED d’Andreas Raptopoulos
• A propos des projets de drones livreurs d’Amazon dont les tests viennent d’être autorisés aux Etats Unis (article un peu daté) et de drones livreurs de pizza
Crédits
Photos : © chesky / Fotolia.com, © The Times, « The drone ‘strikes’ that spread hope, not hate »