Les maladies cardiovasculaires tels que l’AVC (Accident vasculaire cérébral) et l’infarctus sont la première cause de décès chez la femme. Les symptômes sont spécifiques et donc souvent sous-estimés, voire méconnus. La prévention reste la clé pour que les femmes aient plus à cœur de prendre en main leur santé.

Evelyne, 55 ans, raconte qu’elle se sentait un peu oppressée mais qu’il était tellement difficile d’avoir un rendez-vous avec son médecin traitant qu’elle a attendu sans rien faire. Lors d’un passage du Bus du cœur en Ardèche, on lui a diagnostiqué un infarctus. Ce dispositif sillonne la France pour offrir aux femmes en situation de précarité un parcours de soins pour dépister les maladies cardiovasculaires. A sa tête, on retrouve Claire Mounier-Vehier, cheffe d’unité de médecine vasculaire et hypertension artérielle au CHU de Lille et cofondatrice du fonds de dotation Agir pour le Cœur des femmes. Sur sa page Linkedin, les histoires comme Evelyne, elle en rapporte souvent.

Pour elle, la santé des femmes et plus particulièrement leur cœur est un sujet préoccupant. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas le cancer du sein qui tue le plus les femmes. « Les maladies cardio-vasculaires sont sept fois plus mortelles que le cancer du sein. Une femme sur trois meurt de maladie cardio-vasculaire, 200 par jour en France. Dans 8 cas sur 10, l’accident est évitable par un dépistage et une hygiène de vie adaptés », martèle la cardiologue.

L’infarctus, la singularité féminine

Le malaise cardiaque appelé aussi infarctus est reconnaissable dès lors que la personne se plaint d’une douleur brutale en étau dans la poitrine irradiant le bras gauche et la mâchoire. C’est ainsi qu’il est enseigné dans les cours de secourisme. Oui mais voilà, près de la moitié des femmes de moins de 55 ans victimes d’un infarctus du myocarde n’ont pas ressenti ce symptôme car il est en grande majorité propre aux hommes. Claire Mounier-Vehier se bat pour la médecine de genre, c’est-à-dire l’intégration des spécificités féminines dans les prises en charge médicales.


« Les femmes doivent s’alerter face à d’autres symptômes, plus atypiques, encore méconnus et souvent associés : une sensation d’épuisement, un essoufflement à l’effort, une douleur aiguë dans le haut du dos, des palpitations ou encore des symptômes digestifs récurrents (nausées, gêne ou brûlure épigastrique) », souligne la spécialiste. 

A noter que ces symptômes n’interviennent pas forcément lors d’un effort physique. Ils peuvent survenir lors des activités quotidiennes ou d’un stress psychologique.

Tabac, stress psycho-social, précarité, sédentarité, hypertension artérielle, cholestérol, diabète, association contraception avec estrogène-tabac, exposent davantage les femmes aux maladies cardio-vasculaires. En cas d’apparition d’un de ces symptômes il convient d’appeler le 112 le plus rapidement possible.

Des inégalités qui perdurent après le diagnostic 

Médicalement parlant, ce manque de diagnostic du fait des symptômes atypiques entraîne les femmes dans un cercle vicieux. Il y a un retard de traitement et ces femmes sont souvent sous-traitées. “Elles bénéficient de moins d’épreuves d’effort, de moins de coronarographies et les traitements leur sont sous-prescrits. Elles vont moins souvent en rééducation après l’accident coronaire, principalement pour des raisons familiales ou professionnelles, ce qui constitue une perte de chance supplémentaire”, constate dépitée Claire Mounier-Vehier.

Plus de sport et moins de tabac

L’activité physique régulière, une alimentation saine et équilibrée, une modération de l’alcool sont autant de clés pour lutter contre les maladies cardiovasculaires. 

“Soyons attentives au tabac : plus d’un infarctus sur deux chez la femme est lié au tabac. 3 à 4 cigarettes par jour multiplient le risque par 3…Surtout que la consommation de tabac chez les femmes est en progression. Selon un rapport Santé publique France publié en 2022, elles étaient  23 % de fumeuses en 2012, contre 20,7 % en 2019. La cigarette est donc un fléau pour les femmes en France qu’il convient de combattre pour garantir la santé de leur cœur.

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Photo de Giulia Bertelli sur Unsplash