Mis en place par le gouvernement français en 2016, le Nutri-Score est basé sur cinq lettres (de A à E) associées à un code couleur (du vert au rouge) permettant de caractériser la qualité nutritionnelle d’un aliment. Il évoluera fin 2023.

En un coup d’œil, le Nutri-Score permet, pour une catégorie d’aliments donnée, de connaître les produits dont la composition est la meilleure d’un point de vue nutritionnel, ou la moins mauvaise ! Par exemple, un yaourt noté « A vert foncé » peut être considéré comme meilleur qu’un yaourt noté « C jaune », en raison de teneurs en graisse ou en sucre moins élevées. Un précédent article vous explique tout sur ce code qu’il est important de savoir décrypter. En effet, il n’a pas vocation à interdire des produits, mais simplement à en modérer la consommation et à orienter vers les aliments dont la composition nutritionnelle est la plus favorable à la santé.

Faire évoluer le Nutri-Score pour le rendre plus pertinent

Les pays qui appliquent le Nutri-Score (Belgique, France, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Suisse) ont décidé de réviser son algorithme de calcul, de manière à le rendre plus pertinent (des critiques avaient été émises) en rectifiant certaines incohérences, comme le fait de noter A ou B certaines pizzas, frites surgelées et sodas sans sucre. L’enjeu est toujours de promouvoir des choix alimentaires favorables à la santé en tenant compte des connaissances scientifiques récentes, notamment sur les effets néfastes de la viande rouge et des édulcorants, les bienfaits des fibres et le niveau de transformation des produits, dont on sait qu’il est un élément clé dans la santé. Depuis que le Nutri-Score a été lancé, il était d’ailleurs prévu que son algorithme soit régulièrement actualisé en fonction des progrès scientifiques, des données de santé publique, de l’évolution du marché et de l’offre alimentaire, explique son créateur, Serge Hercberg.

Pour une meilleure cohérence avec les principales recommandations alimentaires

Une première révision a été adoptée en juillet 2022, avec plusieurs objectifs. Le premier est d’améliorer la différenciation des aliments selon leur teneur en sel, facteur de risque d’hypertension artérielle, et en sucres, facteur de risque de carie dentaire, de diabète et d’obésité. Certaines pizzas surgelées sont aujourd’hui classées A car leur teneur en fromage a été réduite en faveur de légumes et de volaille. Mais elles restent cependant très salées, et leur score sera donc rétrogradé sur la prochaine version du Nutri-Score. A l’inverse, des fromages à pâte presséecomme l’emmental passeront de D à C grâce à leur faible teneur en sel. Des produits sucrés comme les céréales ne pourront plus atteindre la note maximale A et seront majoritairement classées C, car les céréales restent des aliments sucrés, malgré les efforts de certaines marques pour considérablement diminuer l’ajout de sucres.

La consommation de sel : selon Santé Publique France, 90 % des adultes dépassent la limite recommandée par l’OMS (à titre de comparaison, seulement 40 % des adultes ont une consommation de produits sucrés supérieure aux recommandations). Le Programme National Nutrition Santé a pour objectif de réduire la consommation de sel de 30 % d’ici 2025. Lire notre article.

Un autre objectif est de mieux distinguer les aliments complets et riches en fibres, des aliments raffinés. Les bienfaits des fibres sont en effet attestés dans la prévention de l’obésité, du diabète, du cholestérol et du cancer du côlon. Pain, pâtes, riz complets et semi-complets seront ainsi favorisés. A l’index : la viande rouge, dont les études ont montré que la consommation augmente les risques de cancer colorectal. Elle sera classée dans des catégories inférieures à celles de la volaille et des poissons (non salés ou fumés). Enfin, revaloriser les huiles riches en Oméga-9 (olive) et en Oméga-3 (noix, colza), permettra de les avantager (B) par rapport aux huiles les plus riches en graisses saturées, huiles de tournesol (C), d’arachide, maïs et soja (D), de coco (E) et par rapport au beurre (E).

Améliorer le Nutri-Score des boissons

En 2023, d’autres modifications ont été adoptées, concernant cette fois les boissons. Le nouveau Nutri-Score inclura ainsi prochainement le lait, les boissons lactées et les boissons végétales, et son nouveau mode de calcul permettra de limiter l’effet de la substitution des sucres par des édulcorants. Cette évolution fera la différence entre les types de lait selon leur teneur en matières grasses, et les distinguera des boissons lactées sucrées. Les industriels qui utilisaient des édulcorants pour remplacer le sucre dans leurs sodas, et ainsi obtenir un meilleur Nutri-Score, devront revoir leurs recettes s’ils souhaitent conserver leurs places : les produits contenant des additifs alimentaires utilisés pour conférer un goût sucré aux aliments seront désormais déclassés, du fait des risques qu’ils font peser sur les mécanismes de régulation du sucre dans l’organisme. L’eau, quant à elle, conserve sa première place au podium !

A l’étude : la manière d’indiquer au consommateur le niveau de transformation des produits alimentaires, en particulier pour les aliments ultra-transformés, se heurte à la complexité de définir précisément ces produits.

Ces changements devraient très bientôt être mis en œuvre, les marques disposant alors d’un délai de deux ans pour adapter le Nutri-Score de leurs produits et, espère-t-on, leur offrir une qualité nutritionnelle plus cohérente avec les principales recommandations alimentaires des pays européens. L’indication du Nutri-Score n’est cependant toujours pas une obligation. En attendant, rien ne vaut un petit rappel : pour manger sainement, privilégiez les aliments bruts et le fait maison, en prenant garde à ne pas trop saler vos plats, ni trop sucrer vos desserts ! Et si vous craquez pour un produit transformé, celui dont la liste d’ingrédients reste courte et qui n’utilise pas d’additifs sera le meilleur !

POUR ALLER PLUS LOIN

Podcast Sixième Science : Les failles du Nutri-Score

« Ne vous méprenez pas. Le Nutri-Score est un excellent outil pour qui veut assainir son panier de courses. Excellent, mais pas parfait. Les aliments ultra-transformés, autrement dit les plats tout préparés ou les produits dont les ingrédients sont eux-mêmes transformés (le sirop de glucose en remplacement du sucre, par exemple), demeurent un sacré angle mort, tant du point de vue de l’impact environnemental que de la santé des consommateurs. »

Crédits

Texte : JC Moine / Ethnomédia