Les tabous et les préjugés sur les « psy » ont encore la vie dure en France, mais la proportion des personnes qui consultent croît d’année en année. Cependant, on ne sait toujours pas bien faire la différence entre un psychologue, un psychothérapeute, un psychiatre et un psychanalyste.

Le psychologue

Le titre de psychologue est délivré à l’issue d’un cursus universitaire complet en psychologie et de la validation (au minimum) d’un Master 2 en sciences humaines et sociales, mention psychologie (BAC+5). Cela représente environ 1500 heures d’enseignements théoriques dédiés à la psychologie, sans compter les matières connexes, la rédaction de deux mémoires et les différents stages. Le psychologue est donc expert en psychologie. C’est important de le dire car beaucoup de gens confondent encore la psychologie et la psychanalyse.

— Définition —

La psychologie est la discipline qui a pour objectif l’étude et la compréhension des phénomènes psychiques et des comportements humains, par la méthode scientifique. La psychanalyse, quand à elle, est une méthode d’exploration de l’inconscient, certes intéressante, mais qui n’est pas fondée sur la méthode scientifique.

De par son expertise et sa formation, un psychologue peut vous apporter une écoute et un soutien professionnel (non-jugement, neutralité bienveillante, etc.), mais aussi vous aider à mieux vous comprendre vous-même, à faire une introspection afin d’améliorer certaines choses dans votre vie. Il peut également vous faire passer des tests (de personnalité par exemple) et établir un diagnostic psychologique. Enfin, un psychologue peut vous conseiller ou vous aider à trouver des solutions pour résoudre des difficultés. Quelle que soit sa spécialité, le psychologue intervient par des moyens psychologiques. Il ne prescrit pas de médicament. Enfin, son action est guidée par le code de déontologie des psychologues. En revanche, même s’il y est sensibilisé, il faut admettre que son cursus universitaire ne comprend pas une réelle formation de psychothérapeute.

— Une information bien trop souvent ignorée du grand public —

L’exercice de la psychologie et l’exercice de la psychothérapie sont deux choses bien différentes. La psychologie permet de comprendre là où la psychothérapie est faite pour traiter, guérir, aller vers des changements. Certains psychologues ne font d’ailleurs que de la recherche et n’interviennent pas sur le terrain.

Le psychothérapeute

Rappelons, pour commencer, qu’une psychothérapie est une méthode de traitement par des moyens psychologiques, de troubles psychologiques, mais aussi somatiques comme les insomnies par exemple. À ce jour, on recense plus de 400 méthodes de psychothérapie différentes en France (réparties en quelques grands courants). Chacune privilégie des techniques et des procédés spécifiques. Contrairement à certaines idées reçues, la psychothérapie, ce n’est pas juste « parler ». Elle ne nécessite pas de s’allonger sur un divan et ne dure pas forcément des années (il s’agirait de la psychanalyse). Il existe même des thérapies dites brèves, qui permettent d’obtenir des changements en quelques séances.

Fondamentalement, un psychothérapeute est un professionnel qui exerce au moins une méthode de psychothérapie, après avoir été accrédité par un organisme de formation. La plupart de ces formations n’ouvrent cependant pas droit à une reconnaissance d’état, bien que le nom de certaines méthodes soit déposé (comme dans le cas de la thérapie par mouvements oculaires, EMDR) et que les usurpateurs encourent des poursuites judiciaires. Enfin, les organismes de formation peuvent demander à recevoir le Certificat Européen de Psychothérapie (en anglais), qui garantit le respect de critères particulièrement exigent en termes de formation.

— L’EMDR —

L’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing), ou désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires, se situe entre hypnose et thérapie cognitive et comportementale. Cette méthode, recommandée par l’Organisation mondiale de la santé, est basée sur la stimulation sensorielle, qui sollicite une fonction normale du cerveau habituellement activée pendant les phases de sommeil profond, à savoir le « tri » et le « rangement » des souvenirs. Elle permet, par exemple, de venir en aide aux patients atteints de troubles du stress post-traumatique.
Plus d’infos sur le site de l’Association EMDR France

Depuis 2004, c’est l’Agence Régionale de Santé (ARS) qui délivre le titre de psychothérapeute en France, sur la base de deux critères : une formation théorique minimale et la preuve d’une certaine expérience. Cette règlementation a conduit à une « floraison » de nouvelles appellations comme psycho-praticien ou thérapeute en ceci ou cela, qui sont utilisées par les personnes qui exercent ou prétendent exercer la psychothérapie, sans avoir le titre protégé par la loi.
Mais, il faut être honnête : cela ne veut pas dire que ce sont forcément des incompétents ou des escrocs. Par exemple, ayant moi-même beaucoup d’attente à mon cabinet, j’oriente régulièrement de nouveaux patients vers deux thérapeutes formées à une nouvelle méthode de thérapie brève (la TBSI, à laquelle je suis également formé). Elles n’ont pas le titre de psychothérapeute mais pourtant, elles font un excellent travail.

— TBSI (Thérapie Brève Self Inductive) —

Cette toute nouvelle méthode de psychothérapie brève intégrative (2015) est une technique de dialogue conçue pour « vider son sac à dos émotionnel », se libérer de ses blocages et aller vers un changement rapidement (2 à 10 séances maximum), à l’aide d’expériences concrètes. Le spectre d’intervention est large, mais elle est particulièrement efficace pour traverser une « crise de vie » (transition difficile, perte, deuil, spirale d’échecs, désespoir, burn-out, etc.), en somme « sortir la tête de l’eau », retrouver estime et confiance. En revanche, elle ne sera pas efficace pour des TOCS, des phobies ou des attaques de panique par exemple.

Néanmoins, une chose est sûre : c’est que lorsqu’on consulte, il faut rester vigilant, quel que soit le titre. Car si ce dernier garantit une formation, il ne garantit pas (comme partout ailleurs) la qualité du professionnel, ni le feeling que vous aurez avec lui, ce qui est encore autre chose. Et c’est aussi cela qui fait qu’en l’absence de certaines informations, il peut s’avérer difficile de trouver « le bon psy ». C’est pourquoi je vous proposerai bientôt de vous partager quelques astuces sur ce sujet, dans un article à venir.

Contrairement à certaines idées reçues, la psychothérapie ne nécessite pas de s’allonger sur un divan et ne dure pas forcément des années ! Photo © cottonbro

Le psychiatre

Un psychiatre est un médecin (BAC+7) qui a validé le Diplôme d’Études Spécialisées de psychiatrie (D.E.S.). Cette spécialisation comprend environ 250 heures d’enseignements théoriques obligatoires sur 4 ans et 8 stages.
Mais attention, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, ce cursus ne comprend pas de formation à la psychologie. En fait, l’expertise du psychiatre, c’est la psychiatrie, qui se situe elle-même au carrefour de plusieurs disciplines : la neurophysiologie du cerveau ; la pharmacologie et la prescription de médicaments psychotropes ; des nomenclatures statistiques pour le diagnostic (le DSM5 étant le plus utilisé) ; l’organisation des soins ambulatoires et des hospitalisations. Enfin, le cursus initial en psychiatrie ne comprend pas non plus une réelle formation à l’exercice de la psychothérapie.
À ce jour en France, le principe est que seules les consultations chez un psychiatre sont remboursées. Il existe cependant des alternatives si vous cherchez un psychologue.

— Le remboursement des consultations psychologiques —

Pour certains types d’hospitalisations ou de soins ambulatoires, les cliniques et hôpitaux peuvent proposer des consultations avec un psychologue (incluses dans le forfait). Certaines associations proposent également des consultations psychologiques gratuites ou à frais réduits, en général réservées à des publics spécifiques ou ayant des moyens limités.

Certaines mutuelles proposent un remboursement de consultations psychologiques ou de psychothérapies, souvent intégré à l’enveloppe médecine douce ou bien-être. Une catégorie à part comme « psychologie et psychothérapie » serait la bienvenue !

Enfin, si vos moyens sont limités, il reste toujours possible de demander directement au professionnel s’il fait des tarifs réduits. Certains le font de bon cœur !

Une expérimentation sur le remboursement des psychothérapies est en cours depuis 3 ans dans quatre départements de métropole (la Haute-Garonne, le Morbihan, les Bouches-du-Rhône et les Landes). La quantité de demandes a fait qu’elle a été reconduite en 2021. Si vous êtes intéressé, rapprochez-vous de votre médecin traitant.

Des professions complémentaires

En regardant de plus près, on voit bien que psychiatres, psychologues et psychothérapeutes ont des connaissances et des compétences différentes, mais complémentaires. Rendons cela plus concret à l’aide d’un exemple. Imaginez que votre voiture ne freine plus. N’y connaissant rien, vous vous retrouvez à consulter un professionnel.

La formation initiale du psychiatre l’incitera à chercher les causes du problème du côté physique, comme par exemple une usure prématurée des plaquettes de freins. La formation initiale du psychologue l’incitera à chercher les causes du côté de votre style de conduite comme facteur d’usure prématurée des plaquettes de frein, mais aussi des raisons qui peuvent avoir amené à ce style de conduite. Enfin, le psychothérapeute vous proposera de vous accompagner à l’aide d’une méthode conçue pour vous permettre de développer un nouveau style de conduite et/ou apprendre à changer vos pneus vous-même.

Pour finir, il faut savoir qu’un même professionnel peut avoir plusieurs « casquettes » (psychologue-psychothérapeute, psychiatre psychanalyste, etc.).

Le psychanalyste

Un peu à part des autres professions, le psychanalyste est une personne reconnue apte à pratiquer la psychanalyse par une association de psychanalystes, après avoir rempli certaines conditions, notamment le fait d’être lui-même en « analyse » depuis suffisamment longtemps. Il n’y a donc pas réellement de formation pratique pour être psychanalyste, le titre n’étant de plus pas protégé.

La psychanalyse est une méthode d’exploration de l’inconscient inventée par Freud à la fin du XIXe siècle. Elle se distingue par un cadre (notamment le fameux divan où l’on s’allonge) et des conceptions théoriques spécifiques, notamment sur l’inconscient. Enfin, elle se décline en plusieurs courants (freudien, lacanien, jungien, etc.).

— Ce qui est important de comprendre au sujet de la psychanalyse —

Aujourd’hui, le but d’une psychanalyse n’est pas de réduire une souffrance, traiter des difficultés, régler un problème ou guérir des blessures, comme c’est le cas en psychothérapie. Le but d’une psychanalyse est de mettre au jour nos mécanismes inconscients.

C’est pour cette raison qu’une analyse n’a pas vraiment de fin. J’ai d’ailleurs encore, de temps en temps, des appels de personnes me disant que cela fait des années (jusqu’à vingt ans pour certains) qu’ils sont en psychanalyse, mais que tels ou tels problèmes – par exemple des crises d’angoisse ou des attaques de panique – perdurent encore. Sachant qu’à l’aide des méthodes conçues pour cela, il est possible de traiter ce genre de troubles efficacement et durablement en quelques semaines, je ne vous cache que cela me laisse parfois un peu pensif…

Mais, là où le bât blesse, c’est que j’ai constaté que ce sont parfois des psychologues ou des psychiatres, par ailleurs psychanalystes, qui suivaient ces personnes en analyse, sans les avoir bien informées sur les différences entre psychologie, psychothérapie et psychanalyse. C’est là l’origine, selon moi, de beaucoup de confusions et clichés sur les psy.

Quoi qu’il en soit, si vous souhaitez guérir des blessures du passé, vous libérer de difficultés ou voir des changements concrets dans votre vie, tout cela dans un délai raisonnable, je vous recommande de vous orienter plutôt vers une psychothérapie.

Maintenant que tout est plus clair sur les différents types de psy, la question se pose de savoir quand consulter. Ce que je peux vous dire, après plus de 12 ans d’expérience, c’est que cela peut s’avérer utile dès lors qu’on ressent un mal-être, des difficultés émotionnelles ou relationnelles, des symptômes gênants, qui perdurent malgré nos efforts pour les gérer ou essayer de nous en libérer. Même si cela implique souvent une difficile remise en question, ne pas attendre le dernier moment (celui où on « craque »), peut apporter d’immenses bénéfices, mais surtout éviter un cumul supplémentaire d’expériences douloureuses. Dans cette perspective, la question se pose aussi de savoir vers quel type de psychothérapie se tourner. Ce sera l’objet de mon prochain article.

En fonction de ses besoins et de ses attentes, on privilégiera le recours à un psychologue, un psychothérapeute, un psychiatre ou un psychanalyste. Mais ces disciplines sont souvent complémentaires, et de nombreux professionnels possèdent des compétences dans plusieurs domaines « psy ».

POUR ALLER PLUS LOIN

• L’auteur, Karim Fathi-Berrada, est psychologue (Master 2 professionnel en psychologie clinique et psychopathologie) et psychothérapeute spécialisé en thérapie brève. Il a enseigné dans le supérieur et forme des personnels d’entreprises, notamment à la gestion du stress et des émotions. Il est thérapeute EMDR, thérapeute titulaire en Thérapie Brève Self Inductive, technicien N.E.R.T.I. (Nettoyage Émotionnel Rapide des Traumatismes Inconscients), formé à la gestion de crise et prise en charge post-traumatique, à la gestion du stress et des émotions par la pleine conscience, à la communication non violente, entre autres. Il est par ailleurs l’auteur du blog Se libérer soi-même.

Crédits

Photos : © Tima Miroshnichenko