Depuis quelques années, certaines grandes marques de vêtements de luxe prônant la différence et l’inclusion faisaient défiler des personnes en situation de handicap. Cette année, le soufflet militant semble être retombé. Pas assez vendeur ?

On peut se demander si l’intérêt de certaines marques de vêtements de luxe pour le handicap est motivé par une démarche inclusive, la volonté de se donner bonne conscience, ou de simples intérêts économiques. Que cherchait à dire Alexander McQueen, précurseur faisant défiler Aimee Mullins, actrice et athlète amputée des deux jambes, en corset de cuir noir lacé et en bottes de bois fixées sur ses prothèses (1999). Changer le regard sur le handicap, éveiller les consciences ? Les fashion week de ces dernières années présentaient toutes des défilés avec des personnes en situation de handicap. Mais cette année, à New-York, Paris, Milan, Tokyo…, les mannequins handicapés se font rares. Cette absence nous a interpellé. S’agissait-il d’un simple effet de mode passé de mode ?

 

<div class="caption" id="attachment_26183" align="aligncenter" width="715"] La top-modèle Aimée Mullins en couverture du magazine Dazed, avec un titre en forme de jeu de mot : « Fashionable? » veut dire « à la mode ? », « fashion able » peut être traduit par « en capacité de mode ? » ou « en l’état, doué pour la mode ? »

 

Qu’il y ait un marché important à conquérir pour les marques de luxe est incontestable. On ne boudera cependant pas le fait que leur démarche permette de sensibiliser au droit de chacun de se sentir beau et bien dans des vêtements qu’il a choisi et qui le font rêver, et d’ouvrir une porte inspirante pour des marques plus accessibles de prêt-à-porter. Parmi elles, Benetton affichait dès 1998, avec sa provoc habituelle, Hildegard, petite fille trisomique de six ans. 20 ans plus tard, Madeline Stuart, une jeune femme atteinte de trisomie, défilait lors de la fashion week de New-York et faisait sensation. Elle est aujourd’hui considérée comme une des personnalités ayant une influence positive sur les réseaux sociaux.

 

<div class="caption" id="attachment_26217" align="aligncenter" width="450"]Madeline Stuart nommée aux Global Social Awards Madeline Stuart nommée aux Global Social Awards comme personne influençant positivement les réseaux sociaux

 

La mode influence, ou au moins rend compte, des représentations collectives du corps. En dépassant ses propres critères de beauté normative, en acceptant la différence, elle peut certainement contribuer à changer le regard porté sur le handicap, comme l’a fait Diesel, qui mettait récemment en avant une égérie atteinte de dystrophie musculaire (2014), ou Tommy Hilfiger, qui propose actuellement une collection « Adaptive » complète pour ses clients en situation de handicap physique (mais uniquement disponible aux Etats-Unis pour le moment). 

 

<div class="caption" id="attachment_26188" align="aligncenter" width="570"] Publicité de la marque Diesel