Un vêtement peut, selon les cas, faire mal, protéger ou améliorer le bien-être. Son rapport avec notre santé est, comme souvent, une question de bon sens. Un article à lire avant d’aller faire du shopping… et au retour !

Tous ces ados (et pas que) à la mode avec leurs jeans serrés, se rendent-ils compte qu’ils compromettent leur fertilité à terme avec les testicules remontées-collées contre le corps, ce qui les chauffe et perturbe la fabrication des spermatozoïdes ?
Un slip contraceptif reprend ce principe. Son nom ? Castrator. Non, je plaisante. Sous le doux nom de « tomma bouloù », littéralement « remonte-couilles », ou celui, non moins évocateur, de « Boulocho », ou encore tout simplement appelé « slip chauffant », ces slips proposent une version masculine de la contraception. Bon, efficience au bout de trois mois, en le portant au minimum 15 h par jour…
Revenons à nos jeans slim. Les filles ne sont pas en reste avec des mycoses vaginales, également favorisées par le port du string. Haut les cœurs ? Hé, non car, en plus du reste, hauts les talons (lire notre Parenthèse culturelle : Oh! Les talons hauts), hautes les tailles de jean = aïe les chevilles, ouille l’effet corset garanti. De même pour les combishorts et autres une-pièce compliqués à mettre et à enlever : du coup on se retient d’aller aux toilettes, l’urine stagne dans la vessie et voilà l’infection urinaire…

— Porter la cravate est-il dangereux pour la santé ? —

Dans son édito du 3 avril 2019, Mathieu Vidard s’intéresse aux conséquences inattendues du port de la cravate ! A écouter dans l’émission La tête au carré, sur France Inter.

Non contents d’être parfois des instruments de torture sans qu’on ait conscience des dégâts, les vêtements sont même parfois carrément toxiques ! La presse en faisait ses gros titres l’été dernier, après la publication du rapport d’expertise de l’Anses, assorti d’une série de recommandations, comme maintenir une pression de contrôle des articles d’habillement mis sur le marché, réviser le seuil réglementaire du chrome VI dans les articles en cuir, fixer un seuil réglementaire pour le nickel dans les textiles, étiqueter les vêtements en tant que « sensibilisant et/ou irritant cutané…

Éviter les vêtements toxiques

Un passage en machine permet de réduire l’exposition à des substances chimiques comme les nonylphénols, « qui sont à la fois des substances irritantes cutanées, toxiques pour la reproduction et des perturbateurs endocriniens », selon Christophe Rousselle de l’Anses (source AFP).
Nonylphénol, phtalate, formaldéhyde, les molécules sentent vraiment la chimie et génèrent des réactions allergiques et cutanées. En cause, la présence de nickel dans les textiles et chaussants, non soumis à une réglementation, au contraire des jouets, des cosmétiques et des bijoux. Idem pour les colles, teintures, fixateurs… qui rendent les articles imperméables, infroissables et antitaches.

Alors on lave impérativement tout textile susceptible d’être en contact avec la peau avant de le porter ou de se glisser dans des draps neufs ! On évite les vêtements foncés, ou trop colorés, qui ont nécessité plus de chimie pour leur fabrication. On privilégie les fibres naturelles avec des labels écologiques et les articles de seconde main, dont les composés volatiles néfastes ont eu le temps de s’envoler… Sans devenir intégriste du coton bio, en gros, on se sent mieux en pantalon de lin fluide que moulé dans un cycliste truffé de produits chimiques. De nombreux autres gestes simples sont à notre portée, comme utliser une lessive écolabellisée, car rien ne sert de vouloir débarrasser ses vêtement de produits toxiques avec… des produits toxiques.

Revenons aux fondamentaux du vêtement : protéger

Et si on utilisait les vêtements pour leur fonction première, nous couvrir le corps ? Il s’agit tout bêtement de nous protéger contre les piqûres d’insectes. Les tiques, par exemple, qui peuvent transmettre la maladie de Lyme par morsure. Alors, si on va se balader en forêt ou dans les prés, on s’habille en conséquence, à commencer par le choix de la couleur, claire, pour pouvoir repérer facilement les tiques qui s’accrochent. Chapeau, pantalon, haut à manches longues, chaussures fermées, à l’idéal des bottes, vous êtes paré-e. Il est important de glisser le bas du T-shirt ou de la chemise dans le pantalon pour éviter que la tique puisse s’y faufiler. Même chose avec le bas du pantalon qui doit être glissé dans les chaussettes. La vaporisation de répulsifs à base de perméthrine sur les habits est aussi efficace pour éloigner ces insectes, mais cela revient un peu à se fabriquer des vêtements toxiques non ? On préfèrera un mélange d’huiles essentielles combinant citronnelle, géranium bourbon et menthe poivrée.

De même, on peut préférer, pour prévenir au mieux le cancer de la peau, porter des vêtements anti-UV que s’enduire d’un produit solaire souvent mal utilisé qui ira, de surcroît, polluer notre mer. Il faut que celui-ci, maillot, T-shirt, leggins, soit certifié UPF50+ et garanti sans adjuvants chimiques pour réaliser l’effet anti-UV (label Oekotex100). En tapant « vêtement anti-UV bio » dans un moteur de recherche, il ne faut pas longtemps pour tomber sur une marque française de vêtements de ce type, avec un joli nom, Mayoparasol. Intéressant aussi de regarder ce petit reportage de 4 minutes sur les secrets des vêtements anti-UV, qui questionne les différences de prix dans l’offre et en vérifie l’efficacité.

Pas de traitement particulier pour ces fibres, donc, mais un tissage très serré. Ça marche aussi avec un coton bien épais, mais cela suppose un changement de mentalité important : rester habillé à la plage.

Se sentir beau, c’est bon pour la santé

Anne-Cécile Ratsimbason, styliste niçoise, crée des vêtements sur mesure adaptés à une quinzaine de pathologies et de handicaps. Elle étudie la facilité de mouvement de ses créations sans jamais oublier la coquetterie, indissociable de l’estime de soi, essentielle dans le fait de se vêtir.

D’autres entreprises se positionnent sur le créneau du stylisme médical, qui devrait devenir un marché qui compte de plus en plus : Andy & Emma ou Constant & Zoé. En mode XXIe siècle, on parle de personnes, pas de marques…

POUR ALLER PLUS LOIN

Sur la toxicité des vêtements :
• Le Monde, Une étude de l’Anses confirme la nécessité de laver ses vêtements neufs
• Les Échos, Les vêtements de sport sont truffés de substances chimiques toxiques, selon Greenpeace
• Le Point (2012), Ces vêtements qui tuent…
• Que choisir, Comment ne pas porter de vêtements toxiques ?

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Photo : © jeanchristophemoine