Aujourd’hui, le tatouage s’expose quand, il y a quelques années, seuls les moins fréquentables pouvaient fièrement l’afficher. Les temps changent. Les techniques et le matériel évoluent. Et l’hygiène !
En France, sept millions de personnes sont tatouées, soit 14% des plus de 18 ans selon un sondage Ifop pour le syndicat national des artistes tatoueurs, réalisé en novembre 2016. Tentés par cet art à fleur de peau ? Après mûres réflexions et des heures à chercher le motif parfait, celui dont on ne se lassera pas dans trois mois, reste à trouver un professionnel. L’hexagone compte pas moins de 1500 tatoueurs, tous déclarés auprès des agences régionales de santé. À défaut de formation (voir notre encadré), c’est rassurant.
En France, s’il n’existe pas de diplôme ou de formation officielle pour exercer la profession de tatoueur, un stage de 21 heures, dispensé par un organisme habilité par l’agence régionale de santé, sur les problématiques d’hygiène et de salubrité est néanmoins exigé avant de pouvoir s’installer. Léger, penseront certains, quand on sait que, dans les faits, le métier repose sur des infractions cutanées que le tatoueur doit impérativement préserver de tout risque d’infections bactériennes et de transmission de virus. D’où la nécessité de porter une attention particulière à l’hygiène. La charte du Syndicat national des artistes tatoueurs (snat) et le protocole référentiel de l’école Française de tatouage détaillent la marche à suivre. À lire avant de se décider.
Des styles différents aux pratiques irréprochables
Si chaque artiste a son style, tous doivent être irréprochables en matière d’hygiène. Au-delà de sa compétence artistique, le sérieux du tatoueur passe par quelques indices qui permettent de se faire une idée et ce dès la première visite.
Avant le passage à l’acte, il ne faut pas hésiter à poser toutes les questions censées rassurer. Il revient de faire ce choix indélébile en toute connaissance de cause, les bons tatoueurs n’ont prendront pas ombrage. En cas de doute, rien n’empêche de frapper à une autre porte. Rencontrer plusieurs tatoueurs permet de trouver celui avec lequel la confiance et le feeling seront au rendez-vous.
Un engagement mutuel
Le tatouage est un art cutané loin d’être anodin. Alors que l’hygiène s’impose lors de l’exécution du motif, elle détermine également son rendu définitif. En clair, le tatouage du meilleur artiste du monde ne peut être une réussite qu’à condition de se plier aux soins post intervention. Il s’engage à réaliser le tatouage dans les meilleures conditions, au tatoué de respecter son travail et son épiderme afin d’éviter tout risque dans les jours qui suivront.
Patience donc. Car avant de jouir de sa nouvelle esthétique, il conviendra de suivre scrupuleusement les recommandations du professionnel en matière de lavage, de soins (crème cicatrisante, désinfectant) et d’activités à suspendre (piscine, hammam, soleil ou UV, bain de mer, sport) lors des deux semaines de cicatrisation. Un passage obligé pour passer au mieux cette phase cruciale. Il faut compter jusqu’à six semaines pour la régénération complète.
Que faire en cas de complications ?
Les risques d’asepsie, réglés par l’utilisation de matériel stérilisé et d’aiguilles à usage unique, ne sont plus un problème de nos jours. Restent les encres utilisées. Bien que leur composition soit réglementée, elles peuvent néanmoins provoquer des réactions allergiques. C’est le cas pour moins de 10% des personnes tatouées en France. Aussi, en cas de complications, il est recommandé de consulter un dermatologue sans tarder.
Bonne nouvelle pour les Parisiens, en avril 2017, l’AP-HP ouvrait la première consultation en France, dédiée à la prise en charge de complications associées aux tatouages, à l’hôpital Bichât (XVIIIe). Il était temps.
Au final, on retiendra deux risques potentiels liés au tatouage : celui de se lasser de son tattoo (pour des motifs variés, selon le sociologue Jean-François Amadieu), et celui d’un usage d’encres dont les compositions pourraient avoir des effets à long terme, comme certains chercheurs s’en inquiètent. Une crainte à relativiser, selon le Pr Nicolas Kluger, qui conseille cependant aux femmes enceintes de ne pas se faire tatouer.
Une grand merci à Guicho (Guicho tatouage, La Rochelle), qui a spontanément accepté notre demande et a pris le temps de nous parler de son art et de ses contraintes sanitaires. Merci aussi aux tatoueurs et tatoués de la boutique !
POUR ALLER PLUS LOIN
• L’école française de tatouage propose sur son site un protocole référentiel des bonnes pratiques. Il recense toutes les obligations des professionnels. Rassurant pour faire son choix.
• Pour les plus pressés, le site de l’agence régionale de santé d’Île-de-France synthétise les risques encourus et les précautions d’usage après l’acte.
• La fameuse charte du syndicat national des artistes tatoueurs, présidé par l’incontournable Tin-Tin. Difficile de faire plus exhaustif et engagé.
• La très complète rubrique réglementation permet de tout savoir sur les obligations légales des artistes tatoueurs.
• Pour un autre son de cloche et prendre connaissance du débat qui anime la profession. Créée en 2011 par Stéphane Chaudesaigues, l’association Tatouage & Partage milite pour un statut et une formation de tatoueur. À lire : Tatoueur, un métier sans statut.
Crédits
Vidéo et photos : © Ethnomedia / jcm pour Apivia Prévention
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