Le changement de formule du Levothyrox, à priori anodin, a provoqué quelques effets secondaires et beaucoup de défiance.

Prenez un médicament parmi les plus prescrits en France, en l’occurrence le Levothyrox, que prennent quelque 3 millions de patients présentant une hypothyroïdie. Modifiez-en la formule sans communiquer sur ce changement et sur ses éventuelles conséquences. Ajoutez-y une pétition sur Internet, l’écho des réseaux sociaux et, pour parfaire le tableau, la lettre ouverte d’une célébrité à la ministre de la Santé. Vous obtenez, peut-être pas un scandale sanitaire, mais une polémique qui n’a cessé d’enfler ces dernières semaines.

— 15/09/2017 Dernière minute —

Jeudi 14 septembre 2017, une cinquantaine de personnes porte plainte contre X dans ce qui devient l’affaire du Levothyrox. Ce matin, vendredi 15 septembre 2017, la ministre de la Santé reconnaît sur France Inter que, chez certains, les problèmes ne passent pas, et promet sous peu le retour provisoire de l’ancienne formule et des médicaments alternatifs, afin que les patients aient le choix

Au ministère, on a reconnu une « crise d’information », dont on se serait bien passé dans la relation de confiance fragile entre patients, professionnels de santé et laboratoires pharmaceutiques. Tout partait apparemment d’un bon sentiment de la part de l’Agence nationale de sécurité du médicament qui a demandé au laboratoire Merck d’améliorer la stabilité du Levothyrox, ce qui fut théoriquement fait avec une nouvelle composition introduite en mars, dans laquelle le produit actif est inchangé, mais pas les excipients. Il en a résulté de lourds effets indésirables chez de nombreux patients, qui témoigneraient du fait que la nouvelle formule est plus efficace et nécessite, du coup, que l’on affine la posologie pour éviter les surdosages.

Crampes, palpitations, vertiges ou encore perte de cheveux, il y a pu y avoir des désagréments très inquiétants chez certains patients, appelés à consulter leur généraliste ou leur endocrinologue. Heureusement, ce n’est pas la norme, les 9000 cas signalés aux centres régionaux de pharmacovigilance restant « marginaux » rapportés au nombre de patients traités avec ce produit. « Beaucoup de ces effets secondaires sont liés à des difficultés à redoser correctement le Levothyrox, mais ils s’estompent quand on arrive à bien doser le traitement », a expliqué la ministre Agnès Buzyn. A terme, les effets secondaires devraient donc s’estomper. Reste que l’affaire est symptomatique d’un manque criant d’information sur un traitement de masse. Rien de tel pour susciter de la parano et peut-être, chez certains, un effet nocebo.

La une du quotidien Aujourdhui en France, le 23 août 2017

Un gros problème de communication

• L’analyse sans concession de Libération, qui s’étonnait de la légèreté et du retard à l’allumage des autorités sanitaires, est instructive.

• Nous vous conseillons vivement la lecture du Journal International de Médecine, qui a produit une remarquable revue des blogs de médecins, très inspirée, et une analyse non moins pertinente sur le manque d’information et les dérives complotistes qui peuvent en découler.

• Le Huffington post fait un parallèle audacieux avec l’affaire du Médiator.

Des patients en colère

Une pétition a recueilli plus de 250.000 signatures, notamment après la lettre ouverte d’Anny Duperey à Agnès Buzin. A lire aussi, dans Le Parisien, une interview de l’actrice avant d’être reçue par la ministre et un peu plus rassurée, après. Des anonymes racontent aussi : troubles de la vue et pertes de mémoire pour Jean-Claude, 59 ans, gros coup de pompe et chute de cheveux pour Farida, 30 ans.

La Thyroïde et ses maladies

La diversité des désagréments n’est pas étonnante quand on sait que la thyroïde régule tout l’organisme. Pour comprendre son fonctionnement et les pathologies liées, on parcourra avec intérêt les dossiers très complets de Doctissimo ou d’Allodocteurs.

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