Après l’annonce douloureuse d’un diagnostique de cancer, vient le temps de la prise en charge et des options de traitement. Elles sont nombreuses, dans un secteur de la santé qui fait évoluer les traitements classiques en permanence, et met continuellement au point des remèdes innovants, toujours plus individualisés.

Un dysfonctionnement de certaines cellules de l’organisme, qui se multiplient de manière incontrôlée et prolifèrent, crée un amas de cellules anormales, une tumeur, qui peut rester bénigne et locale (elle n’envahit pas les tissus voisins et ne récidive pas si elle est enlevée), ou devenir maligne, c’est-à-dire cancéreuse (mal délimitée et envahissante, capable de détruire l’organe sur lequel elle a pris naissance et de se propager dans le corps). Ces cellules cancéreuses disséminées, qui peuvent rester dormantes pendant très longtemps, sont les tristement célèbres métastases, causes principales des décès par cancer. Le cancer n’est pas une maladie unique, mais regroupe un ensemble de maladies (au moins 200 types de cancers) caractérisées par ce même processus, à l’exception de la leucémie (cancer du sang). Lorsqu’un cancer est diagnostiqué, le type de traitement dépend du type de cancer, de son stade et de l’âge du patient. Selon la nature et la sévérité de la tumeur, chirurgie, radiothérapie et traitements médicamenteux peuvent être utilisés successivement ou simultanément, plus rarement de manière exclusive.

La chirurgie

Elle est utilisée dans environ 80 % des cas et sera d’autant plus efficace qu’elle permet de retirer complètement une tumeur sans métastases. Mais elle est souvent associée à d’autres traitements, car son efficacité en traitement unique ne concerne que des formes de cancers très localisés, à un stade précoce de la maladie. Il arrive que la chirurgie supprime un organe entier, de manière à réduire le risque de récidive.  Cas extrême, la chirurgie est parfois utilisée en prévention : on a tous en tête la double mastectomie d’Angelina Jolie, porteuse d’une mutation génétique qui entraîne un risque élevé de cancer du sein. Mais la majorité des femmes concernées par cette anomalie génétique choisit un suivi plutôt que l’ablation.

Le radiothérapie

Cette méthode ancienne utilise des radiations pour endommager l’ADN des cellules, qu’elles soient cancéreuses ou saines. On sait depuis le début du XXème siècle que les cellules saines supportent mieux les rayons que les cellules cancéreuses, ces dernières étant plus vulnérables aux dommages causés par les radiations. Cependant, de nombreuses cellules saines étant malgré tout détruites par ce traitement locorégional, on peut aujourd’hui pratiquer des radiothérapies internes (ou curiethérapie) lorsqu’un dosage élevé de radiations est nécessaire (ce qui est plus ou moins supporté selon les personnes). Ces traitements, plus ciblés, permettent de limiter le risque d’endommager les tissus et les organes voisins de la tumeur, en émettant les rayonnements depuis une source introduite dans le corps, au contact de la tumeur, voire dans la tumeur elle-même.

Les traitements médicamenteux

Contrairement à la chirurgie et la radiothérapie, qui sont des traitements locaux, les traitements médicamenteux agissent sur les cellules cancéreuses dans l’ensemble du corps.

La chimiothérapie utilise des substances chimiques pour détruire toutes les cellules à division rapide, cancéreuses ou saines. Là encore, on table sur la meilleure récupération des cellules normales et la plus grande fragilité des cellules cancéreuses pour tenter d’éradiquer un cancer qui se serait propagé dans le corps (métastases), sans trop atteindre les cellules saines. Injectés par voie intraveineuse ou musculaire, ou administrés par voie orale, ces traitements, aux effets secondaires parfois importants, peuvent être utilisés avant une chirurgie, pour diminuer la taille de la tumeur et faciliter l’opération. Après une chirurgie complète de la tumeur, ils permettent de réduire les risques de métastases et de récidive.

Chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie sont les traitements « classiques » qui permettent de guérir un cancer sur deux. Mais, face à la multitude des cancers et de leurs anomalies cellulaires singulières, une médecine de précision se développe de manière à adapter les traitements à chaque cas particulier, et ainsi améliorer la survie de patients.  Cette médecine personnalisée repose sur deux types de traitements médicamenteux : les thérapies ciblées qui, comme la chimiothérapie, cherchent à détruire de façon directe les cellules cancéreuses, et l’immunothérapie, qui agit indirectement.

Les thérapies ciblées, qui font l’objets d’essais cliniques, s’attaquent aux mécanismes de fonctionnement spécifique des cellules cancéreuses d’un individu. Apparus il y a une dizaine d’années, ces traitements nécessitent  d’analyser les caractéristiques moléculaires des tumeurs de chaque patient (par exemple, une mutation de l’ADN) pour élaborer une thérapie efficace.

L’immunothérapie (voir cette infographie de l’Institut Curie) vise, quant elle, à réveiller et éduquer le système immunitaire qui, en temps normal, nous débarrasse des cellules cancéreuses ou précancéreuses que nous développons tous à chaque instant, mais que le cancer parvient à inhiber. Les molécules utilisées dans ces traitements sont généralement administrées en perfusion intraveineuse, et parfois par injection sous-cutanée. Cette méthode récente se développe rapidement et fait déjà partie du nouvel arsenal thérapeutique, principalement contre les mélanomes et les cancers du poumon, mais aussi les cancers du sein dits « triples négatifs » (ils touchent 15% des patientes), très agressifs et très compliqués à soigner. Ses effets indésirables sont différents de ceux des autres thérapies médicamenteuses.

Enfin, l’hormonothérapie bloque la production ou l’activité des hormones sexuelles (testostérone, œstrogènes et progestérone) qui stimulent la multiplication des cellules cancéreuses de certains types de cancers, principalement de la prostate (premier des cancers masculins) et du sein (60% à  80% des cancers du sein sont hormonosensibles, selon les sources), mais aussi de l’endomètre et de la thyroïde.

La greffe de moelle osseuse

C’est dans ce tissus contenu dans tous les os du corps que sont fabriquées les cellules souches hématopoïétiques, à l’origine des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes. Le traitement par greffe de moelle osseuse concerne essentiellement les cancers du sang. Après une première chimiothérapie destinée à réduire le nombre de cellules malades, les cellules hématopoïétiques sont prélevées (sur le patient ou un donneur) et congelées. Un traitement intensif est alors mis en place pour détruire le reste des cellules cancéreuses et, au passage, beaucoup de globules rouges, de globules blancs et de plaquettes. Le greffon de cellules souches est alors injecté par voie veineuse et le mécanisme de régénération des cellules peut commencer.

Tenter de contrôler le cancer : la thérapie adaptative

Comme pour les antibiotiques auxquels certaines bactéries deviennent résistantes, les traitements anti-cancéreux peuvent induire une forme de sélection de cellules cancéreuses résistantes, dont la prolifération est encore plus difficile à maîtriser. Pour contrer ce phénomène, des chercheurs travaillent sur le concept de thérapie adaptative. Il s’agit d’utiliser des doses plus faibles de médicaments et d’alterner des périodes avec et sans traitement. L’objectif, expliquent les chercheurs, est de « détruire suffisamment de cellules cancéreuses pour ne pas mettre en péril la vie de la personne traitée, mais de conserver suffisamment de cellules sensibles au traitement pour freiner la prolifération des cellules résistantes ». Quand l’éradication du cancer n’est pas possible, opter pour une telle stratégie permettrait à terme de « stabiliser le cancer en maladie chronique avec laquelle il est possible de vivre d’une façon acceptable ».

Bien sûr, ces traitements lourds nécessitent un accompagnement. Des soins palliatifs destinés à soulager les symptômes des patients en fin de vie, aux soins dits de support qui leur offrent un soutien psychologique, des conseils nutritionnels, une activité physique, en passant par les médecines complémentaires (avec toutes les précautions d’usage), qui peuvent aussi permettre de mieux supporter la maladie, les traitements et leurs effets indésirables, il existe aujourd’hui une panoplie variée de soins au bénéfice d’une prise en charge globale des patients. Une prise de conscience récente redonne aux malades le statut de personnes et les incite à être acteurs de leur parcours de soins. C’est essentiel, car l’adhésion du patient à son traitement et l’intégration précoce des soins de support peuvent, dans certains cas, conditionner leur pronostic de guérison.

— Pour aller plus loin —

Journée mondiale contre le cancer
Chaque 4 février, depuis 22 ans, l’Union Internationale Contre le Cancer (UICC) propose une journée mondiale de sensibilisation. Cette année, la campagne porte sur la compréhension et la reconnaissance des iniquités dans la prise en charge du cancer.

https://www.worldcancerday.org/fr


Un point complet sur les types de cancers et les types de traitements

https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers

Texte : ©  J.-C. Moine / Ethnomedia
Photo : © tima miroshnichenko