Aujourd’hui, on câline tout : des inconnus dans des bars à câlins tokyoïtes, des doudous pour adulte “aux vertus thérapeutiques”, des arbres… Alors quand la journée du câlin nous invite simplement à étreindre notre prochain, on fonce et on fait pétiller nos hormones du bien-être !

Vous pensez qu’on commence l’année avec un sujet bien léger ? Attendez de lire !

Une fois n’est pas coutume, cette revue de presse est un peu particulière car il faut bien avouer que la presse ne s’intéresse guère à cette journée du câlin, inventée en 1986 par un révérend américain du Michigan, Kevin Zaborney, comme ce dernier le revendique sur son profil LinkedIn.

Une rapide recherche dans Google montre que leMagfemmes est un des premiers à dégainer cette année, sans que l’on apprenne grand chose sur ces câlins qui font “beaucoup de bien” et qui apaisent et rassurent.

On y découvre quand même, en suivant les liens, que câliner un chat favoriserait la production de sérotonine. Comment ? Le ronronnement des chats envoie des sons basses fréquences qui activent la production de cette hormone, dont la baisse entraine des troubles du sommeil et de l’humeur. Sur le sujet, j’ai lu avec intérêt – et avec un chat sur les genoux ! – un article de Géo datant de 2016, dans lequel s’exprime le Dr Jean Marc Aimonetti, du Laboratoire de neurosciences intégratives et adaptatives de l’université d’Aix-Marseille. Selon lui, il n’y a aucune raison pour que les vibrations du ronron “ne déclenchent pas dans notre cerveau la production d’endorphines, d’ocytocine et de sérotonine”, avec des effets bienfaisants sur notre psychisme. Il se pourrait même que le contact avec un chat permette de diminuer le risque de maladies liées au stress , comme l’hypertension, l’asthme et les allergies.

Mais revenons à la journée du câlin, qui concerne essentiellement nos congénères qui, eux, ne ronronnent pas.

La libération d’ocytocine, cette hormone de l’attachement, ou hormone du bonheur, se produit “dès que l’on prend dans ses bras, ou que l’on est pris dans les bras de quelqu’un pendant au moins vingt secondes” nous apprend la neuropsychologue Céline Rivière dans Psychologie. Et de rappeler que le câlin est indispensable, dès les premières secondes de la vie, dans le contact peau à peau. Pour le jeune enfant, le contact avec le corps des parents est une nécessité. Sans câlin, prévient la très bonne revue Naître et grandir, le cerveau du bébé se développe mal : “tout plein de câlins et d’attention ne gâteront jamais trop bébé ! Ces contacts physiques l’aident non seulement à se sentir bien et en sécurité, mais ils ont un rôle essentiel dans le développement de ses capacités intellectuelles”.

Récemment, la presse s’est empressée de relayer une info à grand renfort de titres quelque peu trompeurs, comme celui de pourquoidocteur ou de Science et Vie : “Les câlins peuvent modifier l’ADN des neurones du nouveau-né !” On comprend rapidement que l’expérience concerne des souris. Mais aussi que ce petit animal est un bon modèle de l’humain, ce qui autorise les extrapolations. En bref, des chercheurs américains ont constaté que “l’ADN de bébés souris ayant reçu de l’attention de leur mère était stable, alors que l’ADN des souriceaux délaissés se modifiait”. A l’âge adulte, ces souris sans câlins étaient “plus stressées et moins bien adaptées à leur environnement”. En attendant de pouvoir transposer ces résultats chez l’homme, Science et Avenir nous invite à redoubler d’attentions envers notre progéniture. Des récalcitrants ?

Mais pour nous, adultes rompus à la poignée de main ou au bisou rapide, qu’en est-il ?

Outre les sentiments de bienveillance, de bien-être, de plénitude et d’amour qui dopent spontanément notre moral, le câlin aurait aussi d’autres vertus, d’ailleurs peut-être pas totalement indépendantes de sa fonction anti-stress. A ce sujet, nos confrères de la Mutuelle d’Air France évoquaient, en 2016, une étude de l’Université Carnegie Mellon de Pittsburgh parue deux ans plus tôt et souvent citée. D’après cette étude scientifique, menée sur 406 patients, un nombre de câlins important diminue le risque de développer une maladie virale. Est-ce un effet comparable à celui que peut avoir la méditation en régulant les émotions ?

L’efficacité du câlin reste assez peu documenté, mais les quelques études sur le sujet montrent son effet indéniable sur la santé mentale et physique. C’est un sujet qui fera très certainement l’objet de recherches et de découvertes passionnantes.

Comme j’écris pour un magazine dédié à la prévention, je ne peux passer sous silence les effets néfastes du câlin. 20minutes nous met en garde et nous donne 5 bonnes raisons de ne surtout pas se câliner comme, par exemples, ne pas contribuer à l’épidémie de gastro ou parce que c’est ringard !

Mais, en attendant, ne pensez-vous pas qu’à partir d’aujourd’hui on pourrait prévoir au moins un câlin de 20 secondes par jour pour contrer les effets du stress sur notre santé ?

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