Depuis juillet 2020, on peut facilement réaliser un test sérologique en pharmacie. Oui, mais est-ce bien utile ?

Un test sérologique est une analyse de sang permettant d’identifier la présence ou non d’anticorps produits en réponse à une infection. Il ne permet pas de déceler la présence de virus, contrairement à un test virologique, réalisé à partir d’un prélèvement d’échantillons (généralement dans le nez). Dans la situation actuelle, les tests sérologiques permettent de savoir si une personne a développé des anticorps contre le Sars-CoV-2, et a donc eu la COVID-19, même si elle n’a pas eu de symptômes. En théorie. Car le manque de fiabilité des tests sérologiques fait que ces derniers sont peu utiles au niveau individuel, voire problématiques, selon Numerama, dont les journalistes nous relatent un parcours rocambolesque dans différentes pharmacies. Faux positifs, faux négatifs, en biologie une fiabilité à 100% n’est pas possible et la Haute Autorité de santé, contactée par leur rédaction, rappelle que, « quel que soit le résultat d’un test sérologique rapide, il doit être confirmé par un autre type de test ». Un résultat positif, en particulier, doit impérativement être confirmé dans un laboratoire de biologie de manière à vérifier la présence d’anticorps, et complété, le cas échéant, par un test virologique qui permettra de savoir si le virus est toujours présent dans l’organisme, avec le risque de contaminer d’autres personnes. Fin août, ont été communiqués, par l’INSERM, les premiers résultats d’une étude pilote d’évaluation de la fiabilité de plusieurs tests de laboratoire, conduite par des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS, de l’Inserm et d’Université de Paris.

On connaît encore mal la manière dont le système immunitaire réagit à ce virus. Si la plupart des personnes infectées produisent bien des anticorps, on a peu de recul sur la durée de l’immunité acquise, on ne sait rien de l’action protectrice de ces anticorps et s’ils protègent d’une nouvelle contamination. Comme le rappelle le ministère des Solidarités et de la Santé, « il est possible d’effectuer un test sérologique sans ordonnance, mais ce test ne répondra alors à aucune indication médicale et sa signification ne sera pas explicitée par un médecin. Compte tenu de l’état actuel des connaissances scientifiques sur l’immunité associée à l’exposition au virus, il n’est pas conseillé de procéder à cet examen sans accompagnement médical ». S’ils permettent de savoir si l’on a été malade de la Covid-19, ils ne permettent pas de conclure que l’on n’est ni contagieux, ni protégé contre la maladie. Un test sérologique positif n’est qu’une « trace de passage », explique le docteur Dominique Dupagne, qui explique aussi la différence entre les anticorps « signature » et les anticorps « neutralisants ».

Les autorités de santé et les scientifiques, à travers le monde, ne recommandent l’utilisation des tests sérologiques que dans le cadre de la recherche et aux fins d’études épidémiologiques. Ils sont essentiels pour mieux connaître le pourcentage de la population qui a été infectée, évaluer la propagation de l’épidémie, calculer le taux de mortalité et connaître le taux de contamination propice à une immunité collective. La Haute Autorité de santé considère que les tests sérologiques sont utiles « dans la surveillance épidémiologique et la stratégie diagnostique ». En revanche, le ministère du Travail s’oppose aux campagnes de dépistage des entreprises auprès de leurs salariés, France Inter fait le point sur cette question.

A l’heure actuelle, il est surtout important de détecter la présence de virus dans la population, de manière à ce que les personnes infectées puissent prendre leurs précautions pour ne pas contaminer les autres. Le test le plus utile est donc le test virologique, qui permet de savoir si l’on est ou non porteur du virus à l’instant T. Ces tests, les seuls recommandés pour poser le diagnostique de la Covid-19, sont totalement pris en charge par l’assurance maladie et ne nécessitent pas de prescription d’un médecin (liste des points de prélèvement des tests virologiques). On trouvera la liste des tests homologués sur covid-19.sante.gouv.fr.

Enfin, des chercheurs montpelliérains ont développé un test salivaire ultra-rapide pour dépister la Covid-19 (dépistage virologique). Un choix risqué, qu’ils sont les premiers au monde à avoir fait, nous apprend le CNRS, partenaire du projet. Sa sensibilité d’environ 70% est encore insuffisante, selon France Inter, mais permettrait de pratiquer des dépistages rapides en masse, avant des événements sportifs ou l’embarquement dans un avion par exemple.

Les tests sérologiques sont, pour le moment, loin d’être les « passeports d’immunité » un temps espérés. Se faire tester ne remplace pas les gestes barrières nécessaires. Quelle que soit la sérologie, positive comme négative, je ne serai pas plus autorisé à me balader dans les rues sans masque ! Quant aux autotests, on peut s’en passer.

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