Être handicapé est une situation qui n’empêche pas de s’aimer et d’aimer. Sommes-nous prêts à faire bouger les lignes sur le sujet, en acceptant l’idée que le droit à la sensualité passe parfois par une nécessaire assistance ?

Ouvrons les yeux, brisons le silence, prenons la parole, c’est la tonalité qui ressort du frémissement ressenti dans les médias. « Gros coup de projecteur sur la sclérose en plaque », l’actrice américaine Selma Blair a fait son coming-out en octobre 2018. Elle confie aux journaux et sur les réseaux sociaux qu’elle tombe parfois, lâche des objets, ne peut plus s’habiller toute seule et doit s’aider d’une canne. Hé bien non seulement elle en parle, mais elle fait progresser la cause, sensibilise le grand public et en décomplexe plus d’un en rendant la canne branchée.

Tétraplégique, Stéphanie Binon possède une plume bien affûtée. Parmi les histoires qu’elle raconte en couvrant toute la vie ordinaire, elle décrit son envie de soie sauvage pour THE robe du plus beau jour de sa vie sur son blog : « Pour la conception de ma robe, je voulais que les choses soient simples. (…) j’avais envie d’éviter les essayages inutiles et surtout hyper contraignants quand on est en fauteuil roulant. »

Se sentir bien dans ses fringues, même lorsqu’on est en situation de handicap, c’est légitime et la base de l’image de soi. Mais se sentir bien dans son corps est primordial. L’excellent site de Handicap international détaille les vertus du massage détente. Bien-être, éveil, stimulation, le contact établi pendant le massage crée une certaine forme de communication via un accompagnement corporel mais aussi psychologique. Les qualités relationnelles du praticien sont essentielles. Ton de précision pour parler d’un sujet sensible, ressources, précautions et mises en garde, attention, c’est un site qui fait le tour de la question et sur lequel on peut passer du temps…

Envie de plus qu’un massage ? « C’est humain », témoigne Peggy, qui paye chaque mois Mickaël, son « calino-thérapeute ». Grâce à ce dernier, elle ne se sent plus malade, mais elle se sent femme, tout simplement. En 2013, le film The Session (notre illustration) racontait l’histoire vraie de Mark, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d’aimer, « comme tout le monde ». Mais ce que nous approuvons au cinéma, sommes-nous prêts à l’embrasser dans la vraie vie ?
Imagineriez-vous vivre sans sexualité quand vous sentez que vous en avez besoin et que ça fonctionne ? Non. Les personnes en situation de handicap non plus ! Les conséquences du handicap dans le domaine de la vie intime, notamment, doivent être compensées, et peuvent l’être grâce à des services d’assistance et d’accompagnement sexuel. Déjà reconnue en Allemagne, en Suisse et en Belgique, c’est une nouvelle profession qui émerge doucement en France… Les intéressés trouveront des ressources sur deux sites dédiés à la santé sexuelle : celui du Centre de ressources Handicaps et Sexualité et celui de l’Association Pour la Promotion de l’Accompagnement Sexuel.
Ceux qui appelleraient cela de la prostitution se décrisperont en lisant le dossier Handicaps et sexualité du CRIPS qui fait le point sur la législation concernant l’« effrayante zone grise (qui) recouvre ce tabou », comme un édito de Libération l’exprimait déjà en 2013.

Entre loi et mœurs, l’émission de Daphné Burki aborde en vingt minutes le sujet avec toute la délicatesse et l’intelligence qu’il mérite et, encore une fois, avec la fierté du militantisme pionnier. Nous sommes tous cap’ de changer notre regard au nom de l’amour et de la santé !

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Vidéo : © Ethnomedia / jcm pour Apivia Prévention
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