Lavage des mains, distanciation, masque : le respect de ces comportements est devenu notre quotidien. Mais, dans quelles situations prend-on le plus de risque d’être contaminé par les aérosols ? Petit tour d’horizon selon les connaissances actuelles.

Nous ne pouvons à ce jour pas répondre avec certitude aux questions concrètes qui nous préoccupent depuis le début de l’épidémie. Restaurants, transports publics, salles de sports, universités ou entreprises sont-ils de véritables nids à virus ? Aucune étude française ne peut l’affirmer et la décision de fermer les bars et les restaurants, par exemple, a été prise sur la base d’une étude américaine. Michèle Legeas, enseignante à l’Ecole des hautes études en santé publique, se demande, dans les colonnes du Parisien, si l’on se comporte de la même manière dans un bar en France et aux Etats-Unis, mais estime que leur fermeture « peut être considérée comme un compromis sanitaire et économique » dans les colonnes du Monde. Les stratégies de prévention qui, rappelons-le, sont faites pour nous protéger, ne peuvent être élaborées que sur des données partielles, difficiles à évaluer en situation réelle.

Heureusement, les scientifiques se sont penchés sur la transmission du virus par les airs et commencent à y voir plus clair. 5 microns : c’est la taille au-dessus de laquelle on parle de gouttelettes que nous émettons en parlant et qui tombent au sol à moins d’1 mètre autour de nous. En-deçà de cette taille, on parle d’aérosols, ou microgouttelettes, des particules qui s’envolent plus facilement dans une pièce et restent en suspension entre quelques heures voire quelques jours. Ces aérosols ont tendance à se diffuser davantage lorsque l’air ambiant est trop sec. Ces données fiables permettent de mieux comprendre la transmission aéroportée du coronavirus. Et de mieux supporter les mesures de prévention. Car pour que les efforts soient acceptés, il faut qu’ils soient compris.

Imaginez que l’air que vous expirez est coloré. Si vous ne parlez pas, au bout de quelques heures, votre corps sera entouré d’une légère brume colorée. Si vous portez un masque, cette brume restera localisée autour de votre visage et si vous criez, chantez ou éternuez, sans masque, la pièce sera vite remplie d’une couleur intense. Comme notre souffle est transparent, c’est compliqué de se représenter le risque que l’on prend selon son activité ou ses déplacements.

Plus on parle fort, plus on projette loin les gouttelettes et aérosols, jusqu’à plusieurs mètres autour de nous (en anglais) lorsque nous chantons ou crions. C’est pourquoi le risque de transmission est plus élevé dans une pièce bondée et bruyante car il faut parler plus fort pour se faire entendre.

Nous avons traduit et adapté le tableau récapitulatif publié dans le British Medical Journal (en anglais) le 25 août dernier pour résumer la prise de risque selon notre situation. La densité représente le nombre de personnes présentes dans la situation étudiée. Le risque de transmission du virus par des porteurs asymptomatiques varie selon le niveau de densité humaine, du temps d’interaction sociale et du port ou non de masques.

De manière générale, le tableau confirme que la transmission du virus augmente toujours en parlant ou en criant, qu’en restant silencieux. Le fait de crier est équivalent en termes de risque à celui de chanter ou de tousser. Quant à l’éternuement, il peut projeter des aérosols à 8 mètres !
Le risque de contagion est également plus élevé lorsque le masque n’est pas porté.
Si on reste pendant une courte période dans un environnement peu occupé mais bien ventilé, le risque de transmission est faible, il est encore plus faible si nous portons un masque.
Nous devons toujours maintenir une distance physique (plus d’1 mètre) et ne pas occuper le lieu longtemps s’il est mal ventilé et/ou bondé.

Aérer fait diminuer le risque

Une personne atteinte de la Covid-19 est forcément et fortement émettrice d’aérosols (pouvant ou non contenir du coronavirus) lorsqu’elle tousse ou parle, elle expulse inévitablement des aérosols qui restent en suspension dans l’air et flottent pendant plusieurs heures. Ces microgouttelettes porteuses de virus peuvent infecter d’autres personnes lorsqu’elles sont inhalées, et plus ou moins fortement selon la quantité qui est inhalée. En effet, les chercheurs ont montré que la gravité de la maladie dépend de la quantité de virus inhalée (ce que l’on appelle la dose virale). Le risque de contamination augmente aussi avec l’activité physique, car on respire plus fortement lorsqu’on fait un effort.
Plusieurs experts ont interpellé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l’importance d’aérer les espaces. Le fait de renouveler l’air (et pas de le brasser seulement) fait diminuer la concentration de virus dans l’air, et baisse ainsi le risque de contagion. Par exemple dans un tgv, où l’air est renouvelé, le risque est moins élevé que dans un bus aux fenêtres fermées.

Pour résumer, chanter, crier, faire du sport sont des activités à haut risque, privilégions de les faire seul. Et aérons nos intérieurs ! La préconisation est d’environ 10 à 15 minutes, deux fois par jour, sans rester devant le flux d’air. Le Haut Conseil de la Santé Publique préconise aussi de baisser l’abattant des toilettes lorsqu’on tire la chasse d’eau pour limiter le risque de contagion…

POUR ALLER PLUS LOIN

Le magazine Pour la science revient sur la manière de bien aérer les pièces. Des professeurs de physique et un chercheur du CNRS expliquent que la ventilation des lieux clos est efficace pour limiter la propagation de la Covid-19. Mais comme on ne peut pas mesurer la quantité de microbes dans l’air, ils proposent de s’appuyer sur la concentration de dioxyde de carbone pour estimer la qualité de l’air que l’on respire. A lire absolument : Comment bien aérer les pièces (Illustration © Bruno Vacaro, pourlascience.fr)

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Illustration : © Adobe Stock
Tableau : © Apivia Prévention / Jessica Barbosa Ferreira d’après bmj.com