Ces dernières années, on a assisté à une improbable succession de maladresses, pour ne pas dire d’erreurs de communication, de la part des pouvoirs publics et des labos au sujet de la vaccination.

A LIRE DANS DE CE DOSSIER

Dans son excellent papier (PDF) sur le sujet, le magasine de l’INSERM évoque deux grands profils très différents de publics réticents à la vaccination. Très schématiquement, les uns, qui ont fait peu d’étude et sont mal informés, ne savent pas trop ce qu’est la vaccination. Ils sont plus crédules que la moyenne quand elle est remise en question, notamment sur le Net, où les rumeurs les plus folles font boules de neige. Les autres, au contraire sur-diplômés et très informés, ne réagissent pas autrement. Sur fond d’aspiration à une vie plus naturelle, amateurs d’alimentation bio et de méditation, ils revendiquent la liberté de choisir pour soi-même, sont dans une relation de défiance à l’encontre des laboratoires pharmaceutiques, et marchent sur un fil. Comment leur en vouloir…

Maladresses, erreurs de communication, les pouvoirs publics et les labos ont fait fort. Contre ces derniers, on notera, fut un temps, la pénurie de vaccins simples et obligatoires, le pharmacien ne pouvant que proposer des vaccins polyvalents et certainement salutaires, mais bien plus chers. En eux-mêmes, ces médicaments ne sont pas mauvais, ils ont incontestablement un intérêt, mais forcer la main n’était pas la bonne option. Entre vaccins imposés et très fortement recommandés, les autorités ont un peu perdu leur latin.

On a atteint un sommet avec la pandémie du virus AH1N1, une forme de grippe non saisonnière qui s’est avérée bien moins mortifère que redoutée, au point que le ministère de la Santé, qui prévoyait de faire vacciner le monde entier (!), a fait machine arrière. D’autres tergiversations ont fait du dégât dans l’opinion : autour du vaccin contre l’hépatite B, accusé, encore à ce jour sans preuve, de provoquer la sclérose en plaques. Ou, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, contre le vaccin ROR (Rougeole Oreillons Rubéoles), autant que l’on sache injustement accusé d’être facteur d’autisme.

Le dernier épisode en date est celui du vaccin contre le papillomavirus humain, cause certaine du cancer du col de l’utérus, soupçonné d’effets secondaires gravissimes. Là encore, entre recommandation pour certains, obligations pour d’autres et allégations inquiétantes, on comprendra bien que l’individu lambda ne sache plus où mettre ses petits. Nous non plus.

Si l’on prend un peu de recul, entre le risque de complications et le bénéfice de la vaccination, il n’y a pas débat. Mais encore faut-il se poser les bonnes questions et, comme l’a récemment écrit la journaliste scientifique Lise Barnéoud dans son ouvrage Immunisés ? Un nouveau regard sur les vaccins, bien comprendre qu’« il n’est pas possible de parler de LA vaccination. Chaque vaccin présente une histoire différente, des avantages et des inconvénients distincts ». Pragmatisme et transparence permettront de faire évoluer rationnellement la pratique médicale.

— De la mort subite du nourrisson —

Au chapitre des sujets qui fâchent, on ne saurait passer sous silence le fait que certains opposants à la vaccination accusent les vaccins d’augmenter le risque de mort subite du nourrisson. Bien évidemment, l’argument frappe les esprits, au point qu’au nom du principe de précaution, certains parents pourraient priver leur bébé de vaccins.

Les accusateurs n’avancent pas le moindre élément de preuve scientifique, alors que, à l’inverse, des études d’ampleur ont montré qu’il n’y avait aucun lien de cause à effet entre la vaccination et ce drame. Par un raccourci qui tient du sophisme, ces détracteurs partent du principe que des nourrissons sont décédés après l’inoculation d’un vaccin, pour le mettre en cause. Le raisonnement est intellectuellement navrant.

S’il arrive hélas que des enfants vaccinés décèdent de façon inexpliquée, des études rigoureuses ont montré que la proportion de morts subites était inférieure dans cette population à celle des bébés non vaccinés. La position de sommeil, la température de la pièce, le type de couverture ou encore le tabagisme des parents sont de vrais facteurs de risque. Pas la vaccination.

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