« Je préfère le vrai ! » : halte aux idées reçues, les génériques ne sont pas de faux médicaments, mais des copies plus ou moins identiques, aussi efficaces et surtout moins chères.

Ce comprimé n’est pas de la même couleur… il n’a pas le même goût… pas le même nom… et de toute façon je serai remboursé. Alors quel est l’intérêt d’accepter un générique ? « C’est essentiel pour préserver notre système de santé » répond ma pharmacienne. En les utilisant, je contribuerai à diminuer les dépenses de santé. En effet, comme l’affirme l’Assurance Maladie : « ces copies de médicaments de marque sont, en moyenne, 30 % moins chères car elles ne nécessitent aucun frais de recherche ou de développement. Leur prix inclut uniquement les coûts de fabrication et de commercialisation ». En 2013, l’économie due aux génériques a atteint 1,6 milliards d’euros ! On constate même une diminution du prix de l’ensemble des médicaments, princeps compris, dès qu’un générique est mis sur le marché ! Pour le magazine Que Choisir, « cette façon de faire des laboratoires n’est que l’illustration du prix anormalement élevé de leurs princeps » (enquête de 2013).

Pourtant la France est encore loin derrière ses voisins. En 2013, moins d’une boîte remboursée sur 3 était une boîte de générique, contre 3 boîtes sur 4 au Royaume-Uni et en Allemagne. En cause : le manque d’information des patients et les « affaires » (retraits de médicaments, défauts de fabrication à l’étranger…).

Des années d’installation

Depuis 1999, où le législateur a permis aux pharmaciens la substitution (remplacer le médicament de marque par un générique), la donne a bien changé : le taux de génériques, qui représentaient 2% (en volume) des médicaments vendus, est passé à 24% en 2012 – rapport de l’ANSM (1). Pour augmenter la proportion de génériques, l’Assurance Maladie a multiplié les actions : pas de tiers payant en cas de refus du générique par le patient, primes pour les médecins qui prescrivent plus de génériques, marges plus importantes des pharmaciens sur les génériques, autorisation de remises par les laboratoires. Aujourd’hui, l’Assurance Maladie accorde même une prime annuelle aux pharmaciens qui ont un fort taux de substitution. Et pour améliorer encore la situation, le Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des Femmes a lancé, le 28 mars 2015, un Plan national d’action de promotion des médicaments génériques (2).

Médicament générique - Affiche CPAM Gironde Campagne de sensibilisation, CPAM de Gironde

Compter sur les spécialistes…

Le gouvernement vise aussi les médecins spécialistes, hôpitaux et établissements de santé. Ces lieux sont souvent gagnés par les médicaments princeps, que les médecins connaissent mieux. La proportion de génériques devrait augmenter car, depuis le 1er janvier 2015, comme dans de nombreux pays européens, tous ces médecins doivent inscrire le nom du principe actif (DCI : dénomination internationale) et pas le nom du médicament de marque sur leurs ordonnances : paracétamol, au lieu de Doliprane© ou Dafalgan©.

… et expliquer aux patients

L’Assurance Maladie compte aussi sur nous, patients, pour accepter les génériques. Des rumeurs disent qu’ils seraient moins efficaces ? Si les changements de goût et d’aspect sont évidents, la dose de molécule active dans le corps est la même que pour le princeps. Saviez-vous que dans deux boîtes d’un même médicament de marque, la teneur en principe actif peut varier d’environ 10% ? Cette variation n’est pas plus importante pour un générique. Selon ma pharmacienne, « l’aspect psychologique a son importance : on peut avoir le sentiment d’une différence d’effet alors que les doses et la molécule active sont exactement les mêmes ! C’est pour cela que la pédagogie est essentielle ».

Vigilance et information

Les « affaires » sorties dans la presse sur le comportement de certains laboratoires (3), ou le retrait de génériques pour défauts de tests (4), doivent cependant nous mettre en garde. Les décisions de justice montrent que la fabrication des médicaments peut poser problème. Conséquence de la mondialisation et de l’appétit des laboratoires, on ne trouve plus aujourd’hui de médicaments totalement fabriqués en France. La majorité des matières premières proviennent d’Inde et de Chine – cf. article de l’Usine Nouvelle sur ce thème (5). Selon un rapport de 2012 de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), il faut surveiller « les centres de recherche cliniques réalisant les études de bioéquivalence, délocalisées en très grande majorité, pour des raisons de coûts, dans les pays tiers. Les inspections réalisées dans ces centres ont révélé de nombreux et graves dysfonctionnements allant jusqu’à des falsifications de données, qui ont conduit l’ANSM à refuser l’octroi d’autorisation de mise sur le marché pour les médicaments concernés » (4).

Mais ces dysfonctionnements valent pour les génériques comme pour les princeps. Et si les autorités françaises inspectent beaucoup ces firmes étrangères, faisant de notre marché des médicaments un des plus sûrs au monde, il faut quand même réclamer plus de sécurité et de transparence sur l’origine de tous nos médicaments, princeps comme génériques.

Médicaments génériques et sécurité Génériques et princeps doivent faire l’objet des mêmes contrôles
— NDLA —

Un grand merci à Mélina Pasquier, pharmacienne à la campagne, qui pose des questions aux labos sur la provenance et la sécurité de leurs médicaments, plus qu’elle ne cherche la plus grosse remise possible. A bon entendeur…

(1) Le rapport de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) sur les génériques, décembre 2012 (PDF)
(2) Le Plan national d’action de promotion des médicaments génériques, mars 2015 (PDF)
(3) Les laboratoires condamnés récemment :
– Article de destinationsante.com
– Article du figaro.fr
(4) Génériques retirés du marché européen, Francetvinfo.fr, août 2015
(5) La provenance des médicaments génériques, l’Usine Nouvelle, 2012

Lire aussi…
Le point sur les médicaments génériques (sur apivia-prevention.fr) pour compléter la lecture de cet article.

POUR ALLER PLUS LOIN

• Comment mes médicaments sont-ils remboursés par l’Assurance Maladie ?, sur Ameli.fr
• Les médicaments génériques, site du Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des droits des femmes
• Ce que préconise la Mutualité Française pour favoriser les génériques, sur mutualite.fr, décembre 2012
• Le rapport de l’Académie de Pharmacie sur les génériques (PDF), juin 2012
• Le rapport de l’Igas (PDF), septembre 2012

Crédits

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