Si l’on connaît bien les conséquences directes du bruit sur l’audition, ses effets extra-auditifs sont l’objet d’attentions plus récentes. Ingénieurs et médecins se penchent aujourd’hui sur la mesure du bruit dans nos environnements quotidiens et sur ses impacts sur le sommeil, pour une compréhension globale des effets néfastes du bruit sur notre santé.

Ci-dessus :

Avec BruitParif, l’observatoire du bruit en Ile-de-France

Le bruit est un « son ou ensemble de sons qui se produisent en dehors de toute harmonie régulière » (neuvième édition du dictionnaire de l’Académie française). Selon la norme Afnor NF 530-105 le bruit est défini comme « toute sensation auditive désagréable ou gênante, tout phénomène acoustique produisant cette sensation, tout son ayant un caractère aléatoire qui n’a pas de composantes définies ».

Les effets du bruit sur l’audition

L’exposition à un niveau de bruit élevé a des conséquences directes : douleurs si le bruit est très intense, fatigue auditive (baisse temporaire d’acuité auditive ou apparition d’acouphènes), ou même surdité si l’exposition au bruit est prolongée.

Plusieurs caractéristiques de l’ambiance sonore peuvent influencer le degré de nuisance pour un auditeur.
Les plus intuitifs sont le niveau sonore et la durée d’exposition : plus le niveau sonore (qui se mesure en décibel ou dB) est important et plus la durée d’exposition est longue, plus le degré de nuisance est élevé. Ces deux paramètres sont pris en compte par la législation.
Mais d’autres facteurs doivent être considérés lorsqu’il s’agit d’évaluer le degré de nuisance d’une ambiance sonore. Un son soudain et imprévisible est plus dangereux qu’un son dont l’apparition est plus progressive. Un son aigu (ou haute fréquence) est plus nuisible qu’un son grave (ou basse fréquence). Un son dit « pur », comme un sifflement ou le son émis par une flûte à bec, par exemple, est, à niveau sonore équivalent, plus fatigant qu’un son dit « complexe », comme celui émis par un moteur ou une bouche de ventilation.

La législation sur le bruit

Le bruit n’est pas une préoccupation nouvelle. Dès l’antiquité, le consul Postumius dénonçait les bacchanales, célébrées par des « fanatiques abrutis par les veilles, l’ivresse, le bruit des instruments et les cris nocturnes ».
La législation est ancienne. Ainsi Elisabeth I, au XVIe siècle, avait fait voter une loi interdisant la musique dans la rue.
Mais c’est surtout à partir des années 70 que l’arsenal réglementaire s’étoffe, et un tournant est pris au début des années 90 avec la première tentative d’établir un cadre règlementaire global sur la question du bruit : la loi n°92/1444 du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit.

Cette loi cadre échoue cependant à constituer un recueil exhaustif, peut-être en raison du caractère transversal et multidisciplinaire de la notion de bruit. En effet, à l’heure actuelle, ce n’est pas d’un casque anti-bruit, mais bien d’une boussole dont il faut s’équiper pour s’y retrouver dans les méandres de la législation sur le bruit. Les textes législatifs et réglementaires sont dispersés dans le code de l’environnement, le code de la santé publique, le code du travail, le code de la construction et de l’habitat, le code de l’urbanisme. D’autres textes sont directement des traductions de directives européennes (les limitations du bruit émis par les engins de chantier ou les véhicules particuliers, par exemple).

Dans un cadre législatif encore très centré sur les expositions professionnels au bruit ou sur les comportements à risque (l’écoute de musique amplifiée, par exemple), la date du 25 juin 2002 est une date clé. Le Parlement européen prend en effet en compte, pour la première fois, les effets « extra-auditifs » du bruit sur tous les citoyens, en adoptant la directive 2002/49/CE relative à l’évaluation et à la gestion du bruit dans l’environnement. Celui-ci est défini comme « le son extérieur non désiré ou nuisible résultant d’activités humaines », et intègre les dimension psychosociales, contextuelles, du bruit.

— La directive 2002/49/CE —

Elle impose aux États membres de déterminer l’exposition au bruit dans l’environnement grâce à une cartographie du bruit, d’adopter des plans d’action fondés sur les résultats de cette cartographie du bruit et de garantir l’information du public.

Au-delà des effets physiques du bruit

On qualifie d’effets « extra-auditifs » les effets du bruit associés aux expositions environnementales et n’impactant pas directement le système auditif.

Au travail, l’exposition au bruit entraine aussi une augmentation du stress et une baisse d’attention, favorisant le risque d’accident. Une étude du ministère du travail a montré que, toutes choses égales par ailleurs, le bruit accroît de 24% le risque d’accident du travail avec arrêt.

Dans la vie quotidienne, les effets extra-auditifs du bruit sont l’objet de considérations plus récentes. Des études ont mis en évidence, au cours des deux dernières décennies, un lien direct entre exposition au bruit dans l’environnement et problèmes de santé. Ces effets extra-auditifs du bruit peuvent être observés à court terme (gêne, perturbations du sommeil) ou à plus long terme (hypertension artérielle, troubles de l’apprentissage scolaire).

Des observatoires du bruit ont ainsi été créés sur le territoire pour mesurer la nuisance sonore et aider les acteurs publics à mettre en œuvre la directive européenne 2002/49/CE dans leurs prises de décision en matière de bruits routier, ferroviaire, aérien…
En Ile-de-France, Bruitparif œuvre à la réalisation de trois missions principales : mesurer et évaluer l’environnement sonore, accompagner les politiques publiques et sensibiliser les Franciliens à l’importance de la qualité de l’environnement sonore.
Leur expertise et leurs outils sont des éléments essentiels à l’étude des nuisances sonores, de leurs impacts extra-auditifs et des réponses sanitaires à apporter.

Documentation

•  Valérie Rozec et Philippe Ritter, « Les avancées et les limites de la législation sur le bruit face au vécu du citadin », Géocarrefour [En ligne], Vol. 78/2 | 2003, mis en ligne le 04 juin 2007, consulté le 26 janvier 2015. DOI : 10.4000/geocarrefour.196
•  Le lecteur pourra se référer au recueil des textes officiels proposé par le centre d’information et de documentation sur le bruit, bruit.fr
• Loi n° 92-1444 du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit
•  Directive 2003/10/CE du Parlement européen et du Conseil (PDF)
•  Santé au travail : prévention des risques d’exposition au bruit
•  « Accidents et conditions de travail » (PDF), par le Ministère de l’économie, des finances et de l’emploi et le Ministère du travail, des relations sociales et de la solidarité et la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares)

POUR ALLER PLUS LOIN

• Bruitparif, Observatoire du bruit sur le territoire de la région Ile-de-France
Bruitparif
 est une association loi 1901 créée en 2004 à l’initiative de la Région Ile-de-France afin de répondre à la demande des associations de défense de l’environnement de disposer d’un outil indépendant et fiable de caractérisation des nuisances sonores et d’aide à la décision.

Bruitparif a construit un indice de pollution sonore, l’indice Harmonica, pour prendre en compte la perception de la population.

Si vous souhaitez vous informer sur le sujet, nous vous conseillons la consultation du site noiseineu.eu, très complet et didactique.
Nous vous invitons à découvrir comment cet indice fonctionne.

• Le projet Life Harmonica
Le projet Life Harmonica
 a permis de mettre au point des outils innovants pour mieux informer le public sur son environnement sonore et aider les acteurs à prendre les bonnes décisions pour lutter contre le bruit : l’indice Harmonica, indice de bruit facile à appréhender, et une plateforme pour fournir de l’information sur le bruit dans l’environnement au sein des villes européennes.

• Centre du Sommeil et de la Vigilance Hôtel Dieu APHP
Directeur de recherche : Pr Damien LEGER
Le Centre du Sommeil et de la Vigilance est un centre de recherche de la Faculté de Médecine, Université Paris 5. Le Pr Damien LEGER, en collaboration avec la DGS et l’ACNUSA, coordonne la mise en place d’une vaste étude épidémiologique des effets du bruit sur la santé (étude DEBATS=Discussion sur les Effets des Aeronefs touchant la Santé).

Crédits

Vidéo © Ethnomedia / jcm pour Apivia Prévention